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Infra-rose a un mot de passe que tu connaitras pas
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Mot de passe oublié ?


Infra-rose elle connait toute ta vie et celle de ta mère
" Tu es trop stupide Rose "




Une fois de plus je me suis endormie dans le bus. A l'approche du terminus, deux Noirs, la trentaine, m'ont réveillée pour que je ne rate pas mon arrêt.
L'un d'entre eux m'a demandé si j'étais fatiguée, ce à quoi j'ai répondu "oui vraiment", et l'autre m'a juste fait "ça va ?" ; ça m'a touchée et en même temps je me suis demandé si j'étais devenue le genre de personne délavées qu'on a peur de voir se jeter sur les premiers rails venus.
Alors j'ai juste répondu "oui, merci".
Le premier noir m'a posé une autre question, le plus naturellement du monde : "tu me donnes ton chapeau?" Et malgré le tutoiement, il n'y avait aucun sarcasme, aucune envie de mal faire dans sa voix, c'était une simple question. Alors j'ai dit "non". Et il a enchainé, là encore, avec un naturel déconcertant, "où je peux en trouver ? ". "En centre ville, il y a une boutique". Ils ont remerciés, je leur ai dit au revoir, et ils sont descendus du bus.



Hier il y avait le regard méprisant du prof par dessus ses lunettes.
J'ai mis quelques minutes à comprendre qu'il ne jouerait pas le jeu, qu'il ne ferait plus d'exception pour moi.
J'allais devoir courber la tête comme les autres. Allez lèche le sol à mes pieds.


Il n'avait jamais été comme ça.
J'ai même pas cherché la guerre, j'ai hoché la tête en me tenant le plus au bord possible de la chaise, les mains jointes.


J'avais oublié qu'il pouvait être comme ça.
Appuyer là où ça fait mal dès que tu as les yeux tournés.

Alors rien, j'ai continué à hocher la tête, j'ai cesser de faire semblant de pouvoir soutenir son regard, et j'ai mis ma tête sur pause pour ne pas me lever et partir.

Je me suis juste dit qu'il n'aurait pas ce qu'il cherchait, et que non, je ne pleurerai pas pauvre con.


Il aurait bien voulu pourtant.

Ses yeux mesquins qui me cherchent ou qui fixent d'un air désabusé mes notes raturées, sa voix, ses silences, son attitude, tout, tout, absolument tout en lui signifiait "je suis en train de te baiser pauvre petite conne".
Ses mains qui tracent des petits traits bien droits à la règle.

C'était tellement clair. "Tu te crois peut être intelligente parce que ma conne de collègue te mets des bonnes notes, mais en fait tu n'es qu'une sale petite prétentieuse, une petite salope avec l'encolure ronde de ton pull noir, mais moi je fais 1 mètre 90 et là tu vois je te baise de toute ma taille, de toute ma prestance, de toute mon expérience, de tous mes putains de diplômes, je te baise de toute mon érudition petite conne et bon dieu que c'est jouissif."


Bien sûr il ne l'aurait jamais dit tel quel, jamais.
Alors il biaisait.
" Vous êtes certaine de ce que vous dites mademoiselle ? non n'est-ce pas ? Oh non vous n'en êtes pas sûre, et je vais vous dire quelque chose, moi, ce terme que vous employez là, c'est une connerie inventée par des gens pour se faire peur. Expliquez le moi, allez expliquez le moi vous qui êtes si savante mademoiselle, je vous écoute allez. Puisque vous êtes plus savant que moi, vous allez me dire ce que ça signifie, parce que moi je n'en sais rien. Ah non ? Et ce que vous avez dit un peu avant, mademoiselle, pouvez vous me le rééxpliquer ? ... Vous pensiez mal mademoiselle parce que ce n'est pas du tout ça. Mais vous le sauriez si vous aviez ouvert ce livre, regardez je vais vous lire le passage... avez vous lu ce livre ? Non vous ne l'avez pas lu n'est-ce pas ? Non, bien sûr. Autre chose mademoiselle, vous avez un tic de langage, c'est insupportable, oui, vraiment, vous devriez vous enregistrer, je suis sûr qu'au bout du troisième enregistrement vous vous en rendriez compte. Et cet exemple que vous avez utilisé, il était un peu faible vous ne trouvez pas? la poudre, la poudre, mais quelle poudre... vous savez qu'on dit de certaines personnes qu'elles n'ont pas inventé la poudre ? Vous reconnaissez que ce n'était pas très convaincant ? Vous pouvez mieux m'expliquer ? ... eh bien je crois qu'on va en rester là mademoiselle"


Il me donnait du mademoiselle sans cesse, c'était peut être le pire, mais je suis incapable de mettre des mots sur son mépris, sur la façon dont, en un quart de secondes, il piétine ce que tu as mis des mois à construire.



Je suis sortie très digne, avec mon manteau sous le bras et mes feuilles petits carreaux à la main.




Sur la passerelle il y avait ce mec qui a un an de plus, N.
Il ne savait pas qu'on passait avec ce prof et quand je le lui ai appris il a tout de suite cessé de sourire.
J'étais partagée entre l'envie de lui dire, de le prévenir, et en même temps je me forçais à en rigoler et à dédramatiser pour voir ses traits se détendre.

Et puis brusquement en regardant son visage qui trahissait à peine -  mais c'était déjà trop - son angoisse, j'ai eu envie de lui dire "tu sais, toi, tu sais, tu sais d'où je sors"
J'aurais voulu lui dire "t'en fais pas, oui c'est horrible, mais t'en fais, ça passe, tout passe, après c'est fini, t'en fais pas s'il te plait, il n'en vaut pas la peine".
J'aurais voulu me mettre à pleurer, là, sur la passerelle, uniquement pour me laver de mes larmes, de toute cette salissure que cet homme avait mise en moi.
J'aurais voulu, je ne sais pas, j'aurais voulu que les choses soient simples, et qu'un instant on oublie qu'il est un garçon et moi une fille. J'aurais voulu qu'il me prenne dans ses bras et qu'il me dise "là, là, c'est fini".
Juste comme ça, comme ça, sans aucune pensée derrière.
Juste parce que quand on est dévasté ou qu'on va l'être sous peu, on a envie d'être pris dans les bras de quelqu'un.

Serre moi contre ton pull bleu, je sais bien que je devrais pas dire ça, - pas le penser, pas l'écrire - je sais que ça se fait pas, mais je m'en fous, s'il te plait, on s'en fout, j'ai eu peur, et toi tu as peur aussi, prends moi dans tes bras. Peut être alors que le soleil accélérera sa course, que les nuages fileront dans le ciel, et qu'en quelques secondes la lune se lèvera à l'horizon pour faire mourir cette journée.



Je n'ai rien dit, il n'a rien fait.
Mais en partant c'est exactement comme si j'avais senti son cœur battre contre le mien, et la laine de son pull contre ma joue.




Je sais. Ne dites rien, je sais.

Je sais qu'il porte son prénom, et que depuis qu'il a coupé ses cheveux, ils ont un peu les mêmes. Je sais que la gorge mal rasée qui palpite doucement c'est la même.
Je sais que je suis seule et que ça fait perdre la tête. Vraiment.
Qu'il suffit que N ressemble à N pour que je raconte n'importe quoi. Ils ne se ressemblent même pas tant que ça. C'est moi, je mélange tout, et je cherche l'absent dans son très pâle reflet.
Je sais que ce n'était pas N que j'avais envie de sentir contre moi. Ce n'était pas N, c'était N.


C'est nul tous ces prénoms identiques.



Pourtant je m'obstine à croire que ce n'était ni l'un ni l'autre.
Qu'il arrive des moments où on a besoin de n'importe qui, qu'importe les prénoms et les identités. Juste de la chaleur humaine, juste quelqu'un. Un peu comme un free hug dans la rue.


Un peu comme Rose dans Titanic, quand elle est naufragée, sur le pont du bateau qui les recueille. Je suis sûre que là, enroulée dans sa couverture, elle accepterait les bras de n'importe qui.



De toute façon quelle importance ?
Je ferai comme elle et quand j'arriverai à New York, la statue de la Liberté luisante sous la pluie, alors, sous le parapluie noir, c'est son nom que je donnerai. 






 * Oui cet article faisait appel à une grande culture cinématographique ahah , jack je vooole, mais maintenant que l'eau est bien froide, dépêche toi de mourir sinon tu vas devoir te coltiner ma tête de mémé pendant de longues années mec et,  sachant que je vais vivre jusqu'à 100 ans,  j'aurai jamais assez de crème antiride même en revendant l'énorme cailloux que j'ai autour du cou.










J'ai le coeur qui bat à 76 pulsations par minute et je m'appelle Infra-rose, à 20:39 parce qu"bientôt je me marie avec Pete Doherty, vous êtes invités à la noce".

Déclarations d'amour des poules sur un mur qui picotent du pain dur

  LiliLou
LiliLou
22-03-10
à 21:02

Tu as mis la touche humouristique à la fin, juste comme il faut, pour dédramatiser en tous les cas.

Quelle angoisse. Sale type. Sales mots.
J'peux lui casser la figure, dis, dis ? Pas proprement en plus ! Du haut de mes 1m60 (même pas).

Y'en a des tas dans la vie (enfin non pas quand même) et je les comprends pas, ces gens là, pourtant si cultivés et si désespérement con.

  Infra-rose
Infra-rose
23-03-10
à 19:10

Re:

Tu sais, j'aurais aimé aller à la rencontre joueb qu'Aphone a raconté. Pour te voir. Toi et ton mètre 60 (siii, avec les talons on n'a qu'à dire ^^) et ta frimousse blonde.

Et si c'est vrai qu'il y a des cons partout, il y a heureusement aussi des gens comme toi. ça crée un bon équilibre en fin de compte.




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