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Infra-rose a un mot de passe que tu connaitras pas
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Infra-rose elle connait toute ta vie et celle de ta mère
Bacchanale


(shooting dolce&gabanna)


L'autre jour j'ai joué la mélodie de Ghost au synthétiseur pendant une heure et c'était exactement comme si je sautais à l'élastique.




Je n'avais rien fait d'aussi extraordinaire depuis plusieurs jours.
Je ne fais plus rien d'extraordinaire depuis plusieurs jours - un "plusieurs" qui sous entend "trop" - ce qui suppose qu'auparavant il m'arrivait de faire des choses extraordinaires, ce qui n'est pas du tout prouvé.


Ma vie se résume en bien peu de mots.
Travailler, dormir, manger, prendre le bus.


Je me lève je vais en cours en bus je travaille je mange à midi je travaille dans notre petite salle pleine de bouquins je retourne en cours je prends le bus pour rentrer à la maison je goute je travaille je mange je me couche.
Le bus c'est trop long, et je travaille trop, et je mange trop, et je dors pas assez.


C'est pas la première fois que ça arrive, ce genre de passage à vide, ou en apnée faudrait-il plutôt dire, mais c'est la première fois que ça prend de telles proportions.

Dans ma chambre s'entassent des tas de papiers, des tas d'habits et des tas d'écharpes.

Les seules choses qui restent c'est internet, -notre cordon ombilical - la musique sur deezer et ce roman américain que je lis dans le bus, quand je ne m'y endors pas.


Je me dis que c'est une question d'habitude.
Qu'au bout d'un moment on ne ressent plus rien. Que ça parait normal de travailler trois heures chez soi après avoir eu quatre heures de cours et six heures de DS.

Bien sûr que c'est normal.
J'en veux encore, plus, plus, allez, qu'on me donne des cours de soixante pages à connaitre pour le lendemain, qu'on me donne des dissertations, des colles à préparer dans les cages d'escalier obscures, de la métrique, des -e- caduques élidés, et des week end qui ne commencent que le samedi à quinze heures.

La prépa réveille en nous un instinct masochiste.
Tu souffres, parce que c'est physique au bout d'un moment, de lutter en permanence contre la fatigue, le manque de soleil, d'air, de vitamines. De nouveauté. De temps.
De temps surtout.
Tu te maquilles plus le matin pour ne pas avoir à te démaquiller le soir.
Tu comptes les heures en te demandant si ce sera suffisant pour manger travailler et dormir. Le reste, t'oublies.

Tu souffres donc. Tu souffres, tu sais même pas pourquoi, puisque tu travailles trop mais pas assez pour avoir le concours, tu sais pas pourquoi mais tu continues.
Tu souffres et ça te fait du bien.
Tu penses plus à grand chose d'autre qu'aux nombres d'heures, tu fais des plannings partout, sur ton agenda, dans tes marges, sur tes mains, tu calcules le temps qu'il te faut pour travailler, manger, dormir.


Ta vie elle est plus normale.



Les mails que tu reçois, pour la plupart, sont des mails de tes profs. Ils envoient des cours, tu les entasses consciencieusement dans ton ordinateur (et dans ta tête le compteur se met à tourner et tu te demandes combien d'heure il te faudra pour les assimiler.)
Les mails des profs ressemblent presque à des vrais mails parfois, le prof d'histoire parle du temps qui est comme un fleuve et la prof de spé t'écris "chère Infra-rose" en entête.

Dans le fond pourquoi pas.

Tu passes plus de temps avec ton prof de latin qu'avec ton propre père.

Tu repousses les limites sans cesse.
Tu veux voir jusqu'où tu peux aller, jusqu'où tu peux tenir, comme ça, en sursis, avec la tête qui déborde. Tu te demandes à quel moment elle sera trop lourde, à quelle moment elle te coulera.

 
Tu te planques derrière les livres et les copies doubles pour ne plus penser à ce que tu pourrais faire et à ce que tu ne peux plus faire.






Je ne me suis jamais sentie aussi proche des personnes de ma classe.
C'est les seuls en mesure de comprendre.
On parle très souvent du "dormir manger travailler" et encore plus souvent de tout ce qu'on fera "après".

Le "après" flotte à l'horizon comme un drapeau blanc.

On est tous en train de devenir fous je crois.

Sur nos facebook il n'y a que des choses en rapport avec la prépa, les cours, les profs, les dissert, la vie à part.



On vit en autarcie.


On mange en groupe, on travaille en groupe, on craque en groupe.
J'ai besoin d'eux, d'eux tous, besoin de mon con de métalleux et de sentir son souffle trop près de mon visage, son haleine qui sent le red-bull ; besoin des trois filles de spé, de nos fantasmes sur le prof, de notre entraide pour les colles ; besoin d'hurler des "fucking mother" avec les spé anglais, Julie la Merguez, C. et mon petit gay qui rigole trop aigu et qui passe son écharpe autour de mon cou.

 

On est tous en train de devenir fous dans notre petite bulle.

IL y a trop longtemps que je n'ai pas regardé les infos, une éternité que je n'ai pas allumé la télévision en fait. Il y a cette pile de DVD formidables que je n'ai toujours pas regardés. Il y a les pains au chocolat de la prof de philo, le sourire du prof de géo, les céréales de la déléguée, la documentaliste qui ressemble à un tyrannosaure avec trop de bleu sur les paupières.
On déverse dans son dos un flot d'insultes, et B. n'en finit plus de dessiner des petits sourire sur mes cours parce que je tire trop souvent la gueule en regardant la pluie tomber dehors.




Mais je suis contente. Rassurée de ne pas être la seule.

Rassurée qu'il y ait toujours quelqu'un qui me comprenne quand je dis que je n'ai pas envie d'être en week end.

Bien sûr que non je n'ai pas envie d'être en week end.

Parce qu'il faudra écrire une dizaine de pages sur quatre lignes de citation de Doubrovsky, parce qu'il faudra apprendre tous les verbes irréguliers espagnols, tous les temps tous les modes, parce qu'il faudra comprendre la différence entre un enjambement et un contre rejet, parce qu'il faudra revoir toute la grammaire latine, parce qu'il faudra préparer une explication orale sur un texte en moyen français - et tout cela après le devoir de six heures bien entendu.

Je voudrais que le week end n'arrive jamais.

Parce qu'au moins quand je suis en cours je suis tranquille.
Je ne peux pas réviser ou faire de dissertation puisque je suis en cours. J'ai la conscience tranquille au moins.


Je ne sais pas pourquoi j'écris tout cela puisque ça n'intéresse - très légitimement - personne à part moi.



Mais moi je vis dans un monde à part, dans notre petite autarcie.

Les mondes clôts ont quelque chose de rassurant.



Alors, contre un peu d'oubli j'accepte tout, même la traduction sans dictionnaire du De Architectura de Vitruve.



On s'enivre au travail dans notre petite autarcie.

C'est une grande orgie.
Une bacchanale de savoirs et de lacunes.




"Il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi?
De vin, de poésie, ou de vertu, à votre guise.
Mais enivrez-vous."  Charles Baudelaire




J'ai le coeur qui bat à 76 pulsations par minute et je m'appelle Infra-rose, à 23:22 parce qu"ce soir c'est perfusion".

Déclarations d'amour des poules sur un mur qui picotent du pain dur

  LiliLou
LiliLou
05-02-10
à 19:51

Métro, boulot, dodo.
L'assassinat cyclique infernal.

A part une bonne dose de masochisme et du courage à revendre, que te souhaiter puisque je ne peux te comprendre. Je m'enferme dans d'autres tourments.

Tu m'intéresses toujours.
Idiote !
J'aimerais bien un jour te voir, en vrai de vrai.

  Infra-rose
Infra-rose
06-02-10
à 15:04

Re:



Si je sors de la machine à laver - tu sais, celle qui rend les gens tellement incolores, à force d'avoir pris du métro-boulot-dodo dans la gueule - et si tu t'évades de tes tourments, on fêtera ça, hein?

On s'offrira des livres et on boira du thé avec le Chapelier fou et quand tu auras la tête qui tourne de soleil je te dirais que tu es la seule Alice qui mérite de vivre au pays des merveilles s'il en existe un quelque part.

A moins, bien sûr, que tu ne préfères l'une de mes bacchanales.

 :(


 

  LiliLou
LiliLou
07-02-10
à 00:15

De toute façon il faut tout fêter, c'est l'heure du thé, tout le temps, rien n'importe plus qu'une tasse de thé. =)
On croulera sous les livres et les mots, et ça sera ça les merveilles.
Je t'embrasse.



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