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Infra-rose elle maitrise le temps
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Infra-rose a un mot de passe que tu connaitras pas
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Infra-rose elle connait toute ta vie et celle de ta mère
Jeudi 23 Septembre 2010

C'était "soixante minute pour convaincre les bourdons qu'ils ne savent pas voler" par Infra-rose, à 01:01 "ce soir c'est perfusion".
Je clique ici si je suis un phoque des montagnes ou si je voue un amour inconditionnel à BHL 2 personne(s)qui aime(nt) passer la tondeuse en chantant du Cloclo


Vendredi 10 Septembre 2010
Give us money we are pretty













On rigole très fort sur les passerelles du deuxième étage, pour oublier qu'on a le vertige et qu'on est là, simplement là, dans l'ombre de l'après midi, coté Nord, à attendre un cours sur la narratologie chez Benveniste, lui avec ses cheveux longs - j'ai connu trop de mecs aux cheveux longs mais aucun ne se ressemblait vraiment - et elle avec son drôle d'iris noisette où un petit bout de pupille s'est égaré.



        Peut-être que ce sera l'été Indien qui sait.



Peut-être, mais pour nous il pleuvait ce soir là. J'ai attendu assise sur le trottoir, et puis il y a eu la salle obscure du cinéma, on a pris le film en cours de route, avec plus de dix minutes de retard, et ça m'aurait probablement beaucoup chiffonnée (chagrinée?) une heure plus tôt, mais à la lumière du projecteur ça n'avait plus grande importance, sur l'écran les corps étaient endormis et flottaient dans l'absence d'apesanteur, nous n'étions que 5 dans la salle et j'avais du mal à détourner mon regard des contours de son visage. Il avait coupé ses cheveux très très courts, et enfin je les avais plus longs que lui.


        Au restaurant une petit fille brulait de l'encens devant un bouddha et on discutait très sérieusement de politique, comme deux adultes raisonnables. Il n'y avait que quelques détails qui nous trahissaient.


        Dans la nuit on a retrouvé ses amis, au bar bondé, celui avec du sable fin par terre. J'ai fait la bise, un peu crispée, à des garçons et des filles, et je mettais enfin des visages sur des noms. Comme ils étaient sur le départ on est ressortis très vite, et devant le bar on a discuté un petit peu plus longtemps avec un des garçons, jusqu'à ce qu'il nous propose de passer dîner chez lui un soir, et qu'on décline en remerciant.


        Ensuite on est rentrés à pied dans la nuit et les flaques d'eau, en longeant le fleuve noir. C'était un peu long mais ça ne l'était pas, disons que ça m'aurait surement paru très long si je n'avais pas été avec lui ; il me racontait des histoires de gâteaux Autrichiens et de tueurs, et il y avait cette nuit là quelque chose de très silencieux au dessus de la ville et au dessus de nous, une sorte de paix que je ne retrouverai probablement jamais telle quelle.


        Dans l'ascenseur il m'a embrassée comme si toute la paix était pour nous seuls, alors quand on est arrivés à son étage, j'ai appuyé sur le bouton "-1" pour tisser des souvenirs un petit peu plus longs.



         Au sous-sol une fille l'a appelé, elle était bourrée, on est remontés à son étage, il a ouvert la porte, on est rentrés, il a fermé la fenêtre, j'ai posé mon sac, il m'a portée jusqu'à son lit, avec mes chaussures trempées, son téléphone a de nouveau sonné, il a hésité à répondre, il a répondu, très sèchement, et quand il a raccroché j'ai su que plus personne ne viendrait découper notre nuit, taillader notre monde.


        Et j'ai cru m'étouffer -au sens propre du verbe- d'émotions et de quelque chose qu'on appelle communément "amour" cette nuit-là.



         Le lendemain la réalité nous a rattrapés à sept heures du matin, il est sorti en caleçon dans le couloir de l'immeuble pour me dire au revoir, j'ai mangé la pomme qu'il m'avait donnée dans le tram, j'ai assisté à un cours sur la jachère au XVIIIème siècle dans un état à peu près normal, et ce n'est qu'une fois rentrée chez moi que quelque chose a disjoncté à l'intérieur. Je me suis mise à pleurer sur le canapé devant ma mère, à onze heures du matin.



         Depuis j'attends que les arbres soient jaunes pour écouter summer78.
 





A part ça il faudrait quand même que j'arrête d'accepter les verres que l'on m'offre, ces verres que j'accepte simplement parce que j'ai soif et que je m'ennuie. Il y a toujours un moment où tu as l'impression d'avoir pris la bonne décision, parce que tu bois à petites gorgées de la San Pellegrino ou du chocolat Viennois sans sortir ton portefeuille, parce que tu trompes ton ennui avec un inconnu stupide de dix-huit ou de trente ans, tu lui dis que tu étudies la littérature, et comme ça n'allume strictement rien dans ses yeux - enfin disons rien de plus que ce qui s'était déjà allumé à cause de tes collants noirs, tes putains de collants noirs dont a parlé ton prof de spé, tu l'avais pas vu depuis deux mois mais c'est la première chose qu'il a dite, son regard a glissé sur le nylon noir et ses mots se sont accrochés à tes jambes -


        Quand donc je constate que je vais finir mon verre en échangeant des platitudes désolantes je perds un peu le fil et je bois plus vite.



        L'autre continue à te dire qu'il te trouve charmante - c'est le mot qui revient le plus souvent, dans la rue et aux terrasses des cafés, un mot qui me salit, mais heureusement lui ne l'utilise jamais.
Charmante, et tu as de jolis yeux verts, et toi tu souris un peu tordu, parce que tu sais bien que tu n'as pas les yeux verts et que tu n'es pas charmante non plus, tu es juste stupide, méchante et prétentieuse avec des yeux sans couleur, tu regardes l'autre payer le serveur, et tu réfléchis déjà à un mensonge pour partir au plus vite sans avoir à donner ton numéro de téléphone.



        Tu as déjà laissé échapper trop de toi-même, chaque fois c'est pareil, tu as envie de t'inventer une identité, mais quand on te pose des questions les vraies réponses viennent automatiquement avant que tu n'aies le temps de fermer la bouche.



        L'autre insiste, il veut que tu restes, il te demande s'il faut vraiment que tu partes, et commence alors le jeu du mensonge, je mens comme je respire dans ces moments-là, et on marche, à minuit dans un village perdu ou à seize heures en plein centre ville, je préfère quand même la deuxième alternative, surtout quand l'autre commence à prononcer ton prénom avec un peu trop d'insistance, après avoir écrit le sien dans ton agenda (tu crèves déjà d'envie d'arracher la page)



        Cet après midi après avoir adressé à l'autre un signe de la main évasif à travers la vitre du bus je me suis dit qu'il faudrait que je range mon idéalisme au placard.
Simone de Beauvoir est morte depuis longtemps, et dans les cafés - on ne dit d'ailleurs plus café mais bar - tu ne trouveras jamais personne qui t'ouvriras son cœur, comme ça, à cause de la fascination de l'inconnu, personne avec qui tu pourras parler d'art, ou tout simplement du sens de la vie même si c'est plus compliqué que ça en a l'air, parce que c'est important.



        Je dois trop y croire moi, trop croire en l'homme, alors que dans le fond, c'est tellement prévisible, l'autre et moi on se donne la réplique sur la météo et la rentrée des classes en souriant, mais derrière nos sourires il y a quelque chose de noir, qui emplit notre boite crânienne, lui il ne pense probablement qu'à te sauter, et toi tu penses à ce qu'il pense probablement et t'as légèrement la nausée et tu le trouves con, mais con, con de croire que tu es quelqu'un de suffisamment facile, et con de s'imaginer qu'il a la moindre chance.



        Et pendant que je parlais de la pluie et du beau temps je me disais que voilà, l'homme est devenu un animal social, luisant sous sa fine pellicule huileuse de vernis social, mais que ça ne change rien au fond des choses.



         Au fond je continue à mépriser tous ces types qui me trouvent charmante en leur souriant gentiment, et tout le monde -moi comprise bien sûre- est tellement hypocrite qu'on se croirait dans une pièce de Molière, et puis il y a ça aussi, je voudrais fréquenter des personnes qui me trouveraient tout sauf charmante.


        Je voudrais aller au café avec mon professeur de spé et ses amis il fréquente les bonnes personnes et les bons endroits lui, et comme il nous l'expliquait récemment, ils discutent jusqu'à tard dans la nuit avec gravité du monde et de l'art, parce qu'ils y croient, "parce que ce n'est pas juste pour avoir une grosse bagnole et pour emballer une nana à une soirée polytechnique".








Ce qui me désole le plus dans tout ça, c'est d'arriver à mélanger dans un même article les instants les plus beaux de ma semaine avec les plus déprimants, c'est de juxtaposer la petite fille qui brule de l'encens au restaurant et les doigts de l'autre crispés sur mon bic noir tandis qu'il écrit son prénom.








        Je sais qu'il existe quelque part - et je sais même où, il y a toujours des oiseaux blancs qui me rappellent l'endroit, le printemps, et le trou dans mon cœur - quelqu'un qui partage, ou du moins qui a partagé, mes aspirations.
Quelqu'un qui y croyait aussi.

        Malheureusement je l'ai perdu.

































C'était "soixante minute pour convaincre les bourdons qu'ils ne savent pas voler" par Infra-rose, à 02:15 "ce soir c'est perfusion".
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Jeudi 08 Avril 2010
Tout a disparu








Tout a disparu.


J'ai peut être écrit aujourd'hui l'un des textes les plus importants de cette année stupide, de ces deux dernières années stupides même, et tout à disparu.

Ce n'est surement pas une coïncidence.

J'y croyais pourtant, j'avais réussi à enfermer l'espoir entre les lignes, à défaut de le mettre entre quatre murs.

Et il n'y a plus rien.

Plus rien. Plus rien. Plus rien. Plus rien. Plus rien. Plus rien. Plus rien. Plus rien. Plus rien. Plus une ligne, plus un quart de demi mot, plus rien.



Et je n'ai plus la force.
Même plus la force de pleurer, j'ai jamais su pleurer, même quand ce serait justifié.

J'en peux plus, j'ai envie d'hurler contre cette ironie tragique de merde. C'était ce que j'avais écrit de plus heureux depuis des années et tout a disparu. Putain pourquoi.
C'était trop important, j'aurais dû me méfier, je n'aurais pas dû céder à l'habitude et confier mon espoir à cette connerie de blog.


Apparemment certaines personnes sont plus faites pour l'espoir que d'autres, et il n'est pas difficile de savoir dans quelle catégorie je me trouve.









Quand tu crois avoir trouver la solution à tes problèmes, ou plus exactement le courage de trouver la solution, ce qui, en soit, est aussi important que la solution elle même, il y a toujours quelque chose qui vient te rappeler que tu es bien conne et qu'on ne s'en sort jamais.



















C'était "soixante minute pour convaincre les bourdons qu'ils ne savent pas voler" par Infra-rose, à 23:52 "ce soir c'est perfusion".
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Lundi 29 Mars 2010
Alcool à brûler









J'ai envie de tout arracher parfois.

Verser de l'alcool à 90° pour désinfecter les plaies, et tirer sur les sparadraps.
Peut être même que je pourrais sortir mon cœur, le laisser tremper une nuit ou deux dans une bassine de whisky et que tout irait bien après.
Les traces de larmes, les salissures, l'encre bleue, noire, rouge, les hématomes et les entailles, tout disparaitrait.

J'aurais un joli petit cœur tout neuf, avec un o dans le e, il sentirait un petit peu le whisky certes, mais quelle importance puisque je pourrai de nouveau ressentir des émotions sincères.

Ou plus exactement les émotions adéquates.


J'ai tout cafouillé dans ma tête, je sais plus quand on a le droit de pleurer, quand il faut, et quand c'est interdit. C'est pareil pour les sourires.

On me raconte des histoires sordides ou politiquement incorrecte et ça dessine des sourires sur mon visage, ça étire le coin de mes lèvres. Mais quand il manque quelques phrases que j'espérai, je serai prête à sortir la pelle pour aller creuser ma tombe dans le jardin, sous le cerisier en fleur.


C'est joli les métaphores mais finalement, mieux vaut encore laisser la pelle et les bouteilles au garage et son cœur dans sa poitrine.



***



Et s'il y a des araignées qui courent sur les murs on passera dans la pièce d'à coté, celle où des mariées en voiles blancs peignent leurs longs cheveux dorés dans la lumière du crépuscule, ça ira très bien comme ça, je m'y connais pas trop en cheveux longs, mais je m'y connais en diversion et en crépuscule, et si en plus je leur lis du Verlaine ça fera bien l'affaire.












 







C'était "soixante minute pour convaincre les bourdons qu'ils ne savent pas voler" par Infra-rose, à 23:24 "ce soir c'est perfusion".
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Vendredi 05 Mars 2010
L'illusion





 

 



" Ton image me hante, je te parle tout bas
Et j'ai le mal d'amour, et j'ai le mal de toi "
Barbara





Le type qui a inventé skype avait-il conscience de l'immense connerie qu'il était en train de faire ?
 
Avait-il conscience qu'on n'a pas le droit, d'offrir de l'illusion comme ça, gratuitement et sans limite ?
 
 
c'est injuste, c'est le seul mot qui me vient, c'est injuste d'avoir son visage juste là, il suffirait d'étendre la main...
Il y là sa voix et son sourire, ses intonations et ses prunelles sombres, il est là et il y a entre nous un vide qui n'existait pas il y a vingt ans de cela, un vide indescriptible. Un vide que les amants ne connaissaient pas avant et qu'ils n'auraient voulu connaitre pour rien au monde je crois. On nous fait croire que c'est une grande révolution, voir et entendre les gens en direct même quand ils sont à plus de 1500 km, mais en réalité c'est l'une des plus grosses aberrations du siècle. Pourquoi faire semblant que la distance n'existe pas ? Pourquoi est-ce qu'on se ment comme ça ?
Ce vide c'est que je peux poser mon doigt sur ses lèvres et qu'il ne sentira rien.

 
C'est cruel, je ne sais pas le dire autrement.
 
 
Un écran c'est rien, deux centimètres d'épaisseur à peine, deux centimètres d'électronique et de plastique, et derrière, le mur, et derrière, la ville, et derrière la route.
Dans les deux centimètres de l'écran il y a toute la distance.
 
C'est un mensonge cruel.
 

Tu crois qu'il est là, parce qu'il te sourit et parce qu'il te raconte la neige qui tombe sans cesse là bas ? Mais tu te trompes, on te fait croire qu'il est proche mais il n'a jamais été aussi loin.
Je voudrais qu'on n'ait jamais inventé skype, jamais.
C'est une illusion violente, c'est toute la douleur, c'est toute la distance, qui te revient dans la gueule, c'est tout rien de plus.

 
J'ai essayé de  faire diversion. J'ai souri stupidement à l'œil noir sans paupière de la webcam qui m'angoisse. J'ai raconté beaucoup de bêtises en parlant trop vite et trop fort.
J'ai fait la terroriste avec mon keffieh, je lui ai montré ma chambre, mes cactus, je lui ai lu du La fontaine, j'ai fait des ombres chinoises sur mon mur blanc.
On a fait des grimaces, il a fait bouger ses oreilles, et je m'enthousiasmais pour rien comme une gamine qu'on emmène à la fête foraine.
Les mecs de pulp fiction avec leurs pétards sur mon écran l'ont fait rire, et je me suis moquée de ses draps vert pomme.



J'ai mis du temps à faire coïncider mes souvenirs avec l'image de l'écran. Dans les deux cas c'est une image un peu floue de lui, des contours qui s'estompent dans ma mémoire et qui se pixelisent sur l'écran.
Il a coupé ses cheveux, mais doucement je retrouvais - ou plus exactement et plus malheureusement, je croyais retrouver - la personne que j'ai connue.

Je sais bien que c'est court un mois.
Mais on oublie si vite, on se rattache à des bribes de souvenirs, des instants comme des photos sépia qui s'entassent dans nos têtes vides.
Alors oui, petit à petit, tout coïncidait, c'était bien la commissure de ses lèvres qui, paradoxalement, s'abaisse un peu quand il sourit, c'était sa façon de regarder un point indéfini loin devant lui quand il parle de quelque chose qu'il n'aime pas, c'était cet ensemble de petites choses, qui ne correspondent à rien prises à part - sa chemise, la malice dans ses yeux, sa façon de secouer la tête quand il regrette - mais qui, toutes ensemble, le font exister.
 

On a fait beaucoup de tapage pour recouvrir de bruit cet immense mensonge.
 

Mais inévitablement ça nous est retombé dessus, un sale poids qui vient t'écraser le cœur, alors que t'as rien demandé toi, tu continuerais bien à mimer Yasser Arafat comme une débile, t'as pas envie d'être triste et de sentir la pièce s'effacer autour de toi.

On est restés longtemps sans rien dire, à se fixer, mais on ne se fixait pas, pas vraiment, je fixais une image de lui, et il fixait une image de moi, mais une image, oh bordel, une image tellement ressemblante que je voulais poser mes lèvres sur l'écran.
J'ai essayé de continuer mon jacassement et mes sourires de démentes, mais lui, il ne disait plus rien.
C'est étrange de dire cela, et vous ne me croirez pas, mais je voyais sa gorge se serrer, il ne disait rien et il y avait une tension dans son regard, comme s'il allait pleurer.
Sauf qu'un garçon ça pleure pas, ça serre la gorge, les dents, les fesses, les poings, tout ce que vous voulez, mais ça pleure pas, ça attend que ça passe.


Je me mordais les lèvres trop fort et je savais qu'il lisait dans mes yeux ; et lui il se passait les mains sur le visage comme s'il se réveillait d'un long sommeil.
Comme s'il se demandait soudainement ce qu'il faisait dans cette ville triste et blanche alors que je n'y suis pas.
 


On a parlé, encore, et il a fallu attendre un bug pour arrêter la conversation, parce que, ni l'un ni l'autre nous avions le cœur et le courage pour cliquer sur "raccrocher".
 
 

C'était une volée de balles dans le cœur.



Le type qui a inventé skype n'a jamais connu l'absence.

Il n'a probablement non plus jamais connu l'amour sinon il aurait su que le véritable adage, ce n'est pas cette connerie d'effet papillon, de battement d'aile en un lieu qui déclenche un ouragan à l'autre pôle.



La vérité c'est que quand on aime, un battement de cil fait rater un battement de cœur à l'autre bout du monde.
 
 










 
 
 
C'était "soixante minute pour convaincre les bourdons qu'ils ne savent pas voler" par Infra-rose, à 00:23 "ce soir c'est perfusion".
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Vendredi 26 Février 2010
C'est toujours dimanche



Un ciel gris qui fait croire qu'on est déjà dimanche.
C'est un samedi déguisé en dimanche, avec ses nuages qui accrochent les sommets et ses gouttes de pluies qui constellent ma vitre.


 ' C'est toujours dimanche. '


La grisaille n'est pas vraiment dans le temps - dans le temps qu'il fait - elle est dans le temps - celui qui passe.

"Ce n'est pas le monde qui est heureux ou malheureux, c'est moi".


J'ai l'angoisse de l'écran blanc qui me pousse à parler de la météo, c'est formidable.



J'essaie vaguement dans ma tête de dresser un bilan de ces quinze derniers jours, j'ai à peine coché deux ou trois cases dans l'immense liste des choses que j'avais à faire, et pourtant c'était bien.

Je n'ai pas trouvé de travail, je n'ai même pas chercher en fait, je n'ai pas fait le quart de mes devoirs, je n'ai pas enlevé les petites étoiles dorées qui sont là depuis noël, je ne suis pas allée à Lyon, je n'ai pas fait de cookies, je n'ai pas gravé de CD, je ne suis pas allée à la neige, je n'ai pas optimisé le temps et l'espace.


J'ai écouté beaucoup de musique, j'ai beaucoup beaucoup dansé aussi - les repètes de contempo, le rock, le n'importe quoi toutes les trois, la tête qui se balance et le poing levé avec le rythme de la batterie dans mon pouls -  j'ai vu des gens exceptionnels, j'ai lu dans mon lit à deux heures du matin, je suis allée chez Ikea, j'ai acheté des cactus, j'ai visité Chambéry, j'ai pleuré un peu, j'ai souri beaucoup, j'ai vu LovelyBones, j'ai pris le thé, le chocolat chaud, le jus d'orange, la vodka pomme, j'ai préparé ma putain de colle sur l'Arabisme, j'ai dessiné des chats noirs dans mon cahier avec les roses, je me suis trouvée beaucoup de points communs avec Jane Eyre, j'ai changé de fond d'écran, j'ai lu les poèmes censurés de Baudelaire.

J'ai fait beaucoup de cauchemars.

En période de vacances je me souviens de presque tous mes rêves, ce qui n'est pas du tout le cas le reste du temps.


ça a commencé à cause de LovelyBones.
La salle de bain blanche, marron et rouge.
Le coffre.
Le rétroviseur.
Le trou dans le champ de maïs.

Ouais je sais, je suis trop sensible.


Après il y a eu ses cauchemars à lui.
Alors j'en ai fait à mon tour.
Les aquariums.
La forêt sombre.

Dans mes cauchemars il y a des plaines enneigées comme en Norvège, des hommes qui courent avec de la neige jusqu'aux genoux, dans mes cauchemars je couche avec n'importe qui, y compris mes meilleurs potes, dans mes cauchemars il y a cette petite fille qui se glisse par la fenêtre, dans mes cauchemars mon grand père n'est pas mort et tout le monde semble trouver ça tout à fait normal.



Mais quand tu ouvres les yeux tout disparait dans l'obscurité tellement caractéristique du matin, tu éteins ton réveil à tâtons, une fois, puis deux, puis trois, et puis finalement tu laisses le sommeil te gagner de nouveau.










Je finis régulièrement mes dissertations de philo par un petit quelque chose qui signifie en gros " nous sommes si fragiles " , et je crois que ce genre de conclusion à encore de beaux jours devant lui.














C'était "soixante minute pour convaincre les bourdons qu'ils ne savent pas voler" par Infra-rose, à 19:56 "ce soir c'est perfusion".
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Jeudi 04 Février 2010
Bacchanale


(shooting dolce&gabanna)


L'autre jour j'ai joué la mélodie de Ghost au synthétiseur pendant une heure et c'était exactement comme si je sautais à l'élastique.




Je n'avais rien fait d'aussi extraordinaire depuis plusieurs jours.
Je ne fais plus rien d'extraordinaire depuis plusieurs jours - un "plusieurs" qui sous entend "trop" - ce qui suppose qu'auparavant il m'arrivait de faire des choses extraordinaires, ce qui n'est pas du tout prouvé.


Ma vie se résume en bien peu de mots.
Travailler, dormir, manger, prendre le bus.


Je me lève je vais en cours en bus je travaille je mange à midi je travaille dans notre petite salle pleine de bouquins je retourne en cours je prends le bus pour rentrer à la maison je goute je travaille je mange je me couche.
Le bus c'est trop long, et je travaille trop, et je mange trop, et je dors pas assez.


C'est pas la première fois que ça arrive, ce genre de passage à vide, ou en apnée faudrait-il plutôt dire, mais c'est la première fois que ça prend de telles proportions.

Dans ma chambre s'entassent des tas de papiers, des tas d'habits et des tas d'écharpes.

Les seules choses qui restent c'est internet, -notre cordon ombilical - la musique sur deezer et ce roman américain que je lis dans le bus, quand je ne m'y endors pas.


Je me dis que c'est une question d'habitude.
Qu'au bout d'un moment on ne ressent plus rien. Que ça parait normal de travailler trois heures chez soi après avoir eu quatre heures de cours et six heures de DS.

Bien sûr que c'est normal.
J'en veux encore, plus, plus, allez, qu'on me donne des cours de soixante pages à connaitre pour le lendemain, qu'on me donne des dissertations, des colles à préparer dans les cages d'escalier obscures, de la métrique, des -e- caduques élidés, et des week end qui ne commencent que le samedi à quinze heures.

La prépa réveille en nous un instinct masochiste.
Tu souffres, parce que c'est physique au bout d'un moment, de lutter en permanence contre la fatigue, le manque de soleil, d'air, de vitamines. De nouveauté. De temps.
De temps surtout.
Tu te maquilles plus le matin pour ne pas avoir à te démaquiller le soir.
Tu comptes les heures en te demandant si ce sera suffisant pour manger travailler et dormir. Le reste, t'oublies.

Tu souffres donc. Tu souffres, tu sais même pas pourquoi, puisque tu travailles trop mais pas assez pour avoir le concours, tu sais pas pourquoi mais tu continues.
Tu souffres et ça te fait du bien.
Tu penses plus à grand chose d'autre qu'aux nombres d'heures, tu fais des plannings partout, sur ton agenda, dans tes marges, sur tes mains, tu calcules le temps qu'il te faut pour travailler, manger, dormir.


Ta vie elle est plus normale.



Les mails que tu reçois, pour la plupart, sont des mails de tes profs. Ils envoient des cours, tu les entasses consciencieusement dans ton ordinateur (et dans ta tête le compteur se met à tourner et tu te demandes combien d'heure il te faudra pour les assimiler.)
Les mails des profs ressemblent presque à des vrais mails parfois, le prof d'histoire parle du temps qui est comme un fleuve et la prof de spé t'écris "chère Infra-rose" en entête.

Dans le fond pourquoi pas.

Tu passes plus de temps avec ton prof de latin qu'avec ton propre père.

Tu repousses les limites sans cesse.
Tu veux voir jusqu'où tu peux aller, jusqu'où tu peux tenir, comme ça, en sursis, avec la tête qui déborde. Tu te demandes à quel moment elle sera trop lourde, à quelle moment elle te coulera.

 
Tu te planques derrière les livres et les copies doubles pour ne plus penser à ce que tu pourrais faire et à ce que tu ne peux plus faire.






Je ne me suis jamais sentie aussi proche des personnes de ma classe.
C'est les seuls en mesure de comprendre.
On parle très souvent du "dormir manger travailler" et encore plus souvent de tout ce qu'on fera "après".

Le "après" flotte à l'horizon comme un drapeau blanc.

On est tous en train de devenir fous je crois.

Sur nos facebook il n'y a que des choses en rapport avec la prépa, les cours, les profs, les dissert, la vie à part.



On vit en autarcie.


On mange en groupe, on travaille en groupe, on craque en groupe.
J'ai besoin d'eux, d'eux tous, besoin de mon con de métalleux et de sentir son souffle trop près de mon visage, son haleine qui sent le red-bull ; besoin des trois filles de spé, de nos fantasmes sur le prof, de notre entraide pour les colles ; besoin d'hurler des "fucking mother" avec les spé anglais, Julie la Merguez, C. et mon petit gay qui rigole trop aigu et qui passe son écharpe autour de mon cou.

 

On est tous en train de devenir fous dans notre petite bulle.

IL y a trop longtemps que je n'ai pas regardé les infos, une éternité que je n'ai pas allumé la télévision en fait. Il y a cette pile de DVD formidables que je n'ai toujours pas regardés. Il y a les pains au chocolat de la prof de philo, le sourire du prof de géo, les céréales de la déléguée, la documentaliste qui ressemble à un tyrannosaure avec trop de bleu sur les paupières.
On déverse dans son dos un flot d'insultes, et B. n'en finit plus de dessiner des petits sourire sur mes cours parce que je tire trop souvent la gueule en regardant la pluie tomber dehors.




Mais je suis contente. Rassurée de ne pas être la seule.

Rassurée qu'il y ait toujours quelqu'un qui me comprenne quand je dis que je n'ai pas envie d'être en week end.

Bien sûr que non je n'ai pas envie d'être en week end.

Parce qu'il faudra écrire une dizaine de pages sur quatre lignes de citation de Doubrovsky, parce qu'il faudra apprendre tous les verbes irréguliers espagnols, tous les temps tous les modes, parce qu'il faudra comprendre la différence entre un enjambement et un contre rejet, parce qu'il faudra revoir toute la grammaire latine, parce qu'il faudra préparer une explication orale sur un texte en moyen français - et tout cela après le devoir de six heures bien entendu.

Je voudrais que le week end n'arrive jamais.

Parce qu'au moins quand je suis en cours je suis tranquille.
Je ne peux pas réviser ou faire de dissertation puisque je suis en cours. J'ai la conscience tranquille au moins.


Je ne sais pas pourquoi j'écris tout cela puisque ça n'intéresse - très légitimement - personne à part moi.



Mais moi je vis dans un monde à part, dans notre petite autarcie.

Les mondes clôts ont quelque chose de rassurant.



Alors, contre un peu d'oubli j'accepte tout, même la traduction sans dictionnaire du De Architectura de Vitruve.



On s'enivre au travail dans notre petite autarcie.

C'est une grande orgie.
Une bacchanale de savoirs et de lacunes.




"Il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi?
De vin, de poésie, ou de vertu, à votre guise.
Mais enivrez-vous."  Charles Baudelaire




C'était "soixante minute pour convaincre les bourdons qu'ils ne savent pas voler" par Infra-rose, à 23:22 "ce soir c'est perfusion".
Je clique ici si je suis un phoque des montagnes ou si je voue un amour inconditionnel à BHL 3 personne(s)qui aime(nt) passer la tondeuse en chantant du Cloclo


Dimanche 10 Janvier 2010
Das Leben der Anderen












J'ai mal à la tête et j'en peux plus de voir ces corbeaux sur leurs fils électriques.

Alors on va faire semblant qu'on sait encore écrire, qu'on sait encore faire autre chose que se casser la gueule sur le verglas, que d'avoir des -34/20, que connaitre par cœur la page d'accueil de facebook.





Je me demande si un jour j'arriverai à être celle que je voudrais être.



Ce qui est étrange c'est que, pourtant, ça ne tient qu'à nous d'être.
Avoir c'est pas pareil, c'est plus compliqué.



Il y a tellement de choses qui ne dépendent pas de nous.

La voix de John Lennon, le prix des consommations à la machine à café, la politique de Barack Obama, la météo, les retards à la sncf, les réformes orthographiques de l'académie française, les ampoules qui grillent, les pages des livres qui se décollent, les rubans qui s'effilochent, la connerie des autres, ce putain de climat, l'odeur de l'herbe au printemps, les papillons qui ne vivent qu'une journée, les gens qui ont une leucémie, les gens qui meurent de la leucémie, les tempêtes, la migration des oiseaux, les gens aveugles qui n'ont jamais vu un seul tableau impressionniste, les gens sourds qui n'ont jamais entendu la symphonie du nouveau monde, les pannes de réveil, les fuites de gaz, les tricheurs au poker, la vie des autres.


"La vie des autres" est le titre d'un film très impressionnant.

Ce type de la Stasi tellement froid dans son appartement gris, dans son manteau gris, avec son casque gris et ses yeux gris.
Il vole la vie pailletée du jeune couple d'artistes.
Chez lui c'est tout froid et tout seul, il mange des boites de conserves debout dans sa cuisine en carrelage.
Chez eux il y a de la musique et des amis et de l'alcool et des cadeaux.


Il y a aussi cette scène de l'ascenseur avec le petit garçon.

" - Est-ce que c'est vrai que vous travaillez pour la stasi?
- Et qui dit ça?
- Mon papa.
- Et comment il s'appelle ton...
- Mon quoi?
- ... ton ballon!
- Vous êtes fou, les ballons n'ont pas de noms !"


La vie des autres.
Le titre est tout.





Il y a tellement de choses qui ne dépendent pas de nous.



Et on n'est même pas foutu de refermer le poing sur cette personne que l'on voudrait être, qu'on croise parfois dans le miroir qu'on a poli avec notre confiance et notre amour propre.
 



Cette personne qui court plus vite que nous dans les couloirs obscurs, celle qui aurait toujours su quoi dire, quoi répondre, quoi faire.


Et toujours nos poings se referment sur le vide, parce qu'on n'a pas le courage, pas l'envie, pas la force, pas la volonté -tout ça c'est du pareil au même, ce ne sont que des excuses.



Alors à défaut de devenir cette personne qu'on voudrait être, on n'a plus qu'à serrer les poings et à aller taper dans le mur.













C'était "soixante minute pour convaincre les bourdons qu'ils ne savent pas voler" par Infra-rose, à 23:24 "ce soir c'est perfusion".
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Vendredi 25 Décembre 2009
Les barreaux dorés








[J'assume ma schizophrénie.]



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J'ai beaucoup réfléchi, enfin j'ai beaucoup fait semblant de réfléchir, même si, en vrai, mes paupières se ferment plus vite que je ne le voudrais, même si, en vrai, j'ai du mal à ouvrir les carnets, à sortir les bics bleus, à poser les mots, à fixer les images, à épingler les émotions comme des papillons morts.

J'ai beaucoup réfléchi donc -ne compliquons pas les choses- et j'en suis arrivée à la conclusion suivante : la vie n'est qu'un ensemble de nouveautés qui viennent s'accrocher à l'immuable.

Il y a le fil de la vie, tendu entre le jour de la naissance et le jour de. et sur ce fil viennent se poser des oiseaux. Des milliers et des milliers d'oiseaux.

Ils chantent, leurs plumes brillent au soleil, et plus il y a d'oiseaux et plus il y a de vie.

Mais les oiseaux ont de petites pattes qui serrent trop fort le fil, et s'ils deviennent trop nombreux, eh bien, eh bien, le fil se met à trembler, il est de plus en plus lâche.


Et un jour il casse.


Et tous les oiseaux s'envolent, et là, t'as plus rien, t'es foutu, t'as plus d'immuable sur lequel tes oiseaux pourraient venir se poser.
Alors non, t'as plus rien, ou plus que des oiseaux de passage, tu les vois filer dans le ciel devant toi, mais ils s'arrêtent jamais, et tu peux pas les caresser, tu peux pas les entendre chanter, rien.


Et comme c'est chiant les métaphores filées on va la faire plus courte -les blagues les plus courtes sont toujours les meilleures non?
Simplement, sans la continuité la nouveauté perd tout son sens.



Heureusement la continuité me colle à la peau. Le fil s'enroule des dizaines de fois autour de mes doigts, de mes poignets, de mes chevilles.




C'était un Noël comme j'en ai beaucoup vécu.

On a passé une soirée du 24 décembre assez tranquille, tous les cinq. On ne s'est pas couchés très tard mais on ne s'est pas levés très tôt.
A midi on avait toujours pas ouvert les cadeaux.

J'ai eu de jolis cadeaux, une liste serait stupide, mais je pense notamment à mes pastels, au cd de Muse, au cadeau de mon père...
On a pris le temps de tout s'offrir, de se combler de cadeaux et d'attention, de s'expliquer. J'ai pris des photos, il y avait quelques rayons de soleil qui zébraient le sol et qui allumaient les paillettes sur nos paupières.

On a mangé un repas tout simple mais bon, de la salade, du poulet, des châtaignes, de l'ananas, de la bûche. Simple, mais bon, c'est l'essentiel, non?

C'était un Noël comme j'en ai beaucoup vécu. Comme le Noël d'il y a deux ans, le noël d'il y a trois ans, quatre ans, cinq ans...


Il n'y a que l'an dernier.

L'an dernier ce n'était pas un oiseau sur le fil, c'était un vautour.




Tout va bien.

Je voudrais des noël comme aujourd'hui jusqu'à la fin de mes jours.

Pour être sûre de jamais me perdre.




Parce qu'il y a de quoi se perdre pourtant.


Ma vie qui ressemble à une décalage horaire permanent, un jour je me lève à 6 heures du matin, je fais 6 heures de dissertation, je mange à 15h30, je me couche à 20h30... et le lendemain je dîne à minuit, je me couche à trois heures du matin, je me lève à quatorze heures, je prends un petit déjeuner à 15h, je saute le repas de midi et je mange des tartines de nutella à 17h.

Ma vie a tout particulièrement ressemblé à un gros bordel les deux dernières semaines avant les vacances. Mon concours blanc m'épuisait au delà de tout ce qu'on aurait pu me faire croire, je rentrai à la maison et je pleurai, et le lendemain il fallait remettre ça, partir dans le froid de la nuit, analyser la citation, trouver un plan, vider des compotes à boire, écrire, croiser les regards vides des autres.
Je ne voyais personne, c'est ça le plus dur peut être, j'arrivais, je discutais quelques minutes avec Alex avant l'épreuve, pendant l'épreuve aussi, un peu, à voix basse ou sur nos brouillons, et je repartais. A la maison ma sœur n'était pas encore revenue, ma mère avait mangé depuis longtemps, alors je prenais le repas seule avec mon silence.


Au milieu du concours blanc il y a eu mon anniversaire.
C'était le plus beau de ma vie, je crois, parce que j'étais chez lui et qu'on a cuisiné de la soupe chinoise à minuit.
On mange toujours dans de la très belle vaisselle, et c'est quelque chose qui peut paraitre banal ou sans importance pour certains, et qui me fait toujours de l'effet. Je ne me l'explique pas. ça me rappelle quand je gardais les petits voisins. A quatre ans ils buvaient dans des verres à pied. Chez moi on n'utilise que les verres à moutarde dépareillés, et jsais pas, ça me tue.

On mange toujours dans de la très belle vaisselle et il y a l'odeur des épices dans ses quelques mètres carrés et je suis tellement heureuse que même les oignons qu'on découpe ne me font pas pleurer.

La nuit tombe toujours trop vite derrière ses persiennes alors on a un peu le blues, on écoute les rolling stones et il y cette odeur entêtante d'abricot qui parfume sa peau et la mienne.
Je vois notre reflet dans la vitre et c'est comme si c'était triste sauf que ça ne l'est pas vraiment.


Quelques heures plus tard c'est de nouveau les fiches de révisions, la philo, le cours de cinquante trois pages, et puis glisser des cartouches d'encre dans sa trousse et des compotes à boire dans son sac pour le lendemain.




Après, les vacances.
Là encore, beaucoup trop de prétextes pour se perdre.


Un froid à mourir, le sol gelé, la voiture qui dérape, les noms de rues, les numéros d'immeubles, les codes d'interphones, les sorties d'autoroute.
L'anniversaire à la coloc, on plante les bougies sur les cotés du cake, on fait bruler la petite hache en plastique qui décore, on colle nos pieds au radiateur électrique, on fait la vaisselle à cinq heures du matin.

Devant la porte il m'embrasse, je voudrais disparaitre dans sa veste noire, qu'il me range dans sa poche voila, il m'embrasse encore, "allez c'est bon, tu pars juste chercher la voiture, tu pars pas à la guerre".

Il y a le retour.
Et il y a l'arrivée.

Je me sens juste épuisée, j'ai plus envie d'essayer, je m'en fous bien de mon portable, je m'en fiche qu'il soit tombé sous le siège, mais non, il s'énerve, et j'essaie de chercher, mais je sais pas, j'y arrive pas, puis y a rien sous le siège, puis je pense vaguement que c'est stupide de s'énerver pour si peu, et puis j'ai envie de pleurer.

ça tombe bien.

Une demi heure après je pleure assise sur son lit.

Son pantalon est sale il s'est agenouillé sur le carrelage de la cuisine mouillé par nos chaussures pleines de neige.

Il s'excuse, moi je voudrais juste qu'il se taise, il vide son cœur, il y a des débris d'amour partout, mais quel amour? de l'amour propre?
Et moi qui ait les yeux si secs je pleure.
Je lui dis non, non, regarde je pleure pas.
J'aperçois à peine le gouffre qu'il est capable de créer en moi.
Je regarde son mur, les affiches, les post it, les dessins, je comprends pas, je voudrais me réveiller d'un cauchemar.


6 heures, 7 heures du matin, je devine le temps qui passe, on discute, il est obstiné, je le raisonne peu à peu doucement comme avec un enfant, je répète cinq six fois les mêmes phrases pour qu'il retienne, pour qu'il sache, pour qu'il n'oublie pas, pour que plus jamais, d'accord ?
Je dors mal.


Le lendemain encore il y a des raisons de se perdre.

Dans sa voiture je m'entraine à prononcer d'une voix normale "bonjour je voudrais une pilule du lendemain". ça le fait rire. Moi aussi, un peu.
Il flippe pas, je flippe pas trop. Un peu au bout de la 3ème pharmacie fermée - c'est dimanche. Il y a ce drôle de hasard, on est arrêté au feu et là, sur le panneau d'affichage électronique de la mairie, s'affiche quelques mots : " pour connaitre les pharmacies de garde, 3915 ".

Je fais la queue, je serre mon porte monnaie trop fort, il attend en double file, je me sens seule comme une pauvre fille naïve qui se fait avoir à tous les coups.
J'ai pas dû réussir à prononcer la phrase comme il faut, la pharmacienne me sourit, elle est gentille, elle me donne un verre d'eau, elle répond à mes questions.


On va au ciné voir Avatar, j'ai peur de vomir à cause de la pilule, la 3D me donne un peu mal à la tête.
Mais il me donne la main alors je m'en fous, on se moque des gens qui applaudissent à tout rompre, et il a caché du chocolat dans sa veste.


Je dors bien, je rêve, je ne sais plus à quoi, et au réveil il est là comme si je rêvais encore.




Oui, il y en a des raisons de se perdre.


Des oiseaux.


Quand je pleure, quand j'ai l'impression d'avoir bu trop de fanta à cause du médicament, quand on marche par moins 12 degrés à 6 heures du matin, quand je rate mes épreuves, quand j'ai l'impression de manquer de sommeil après 10 heures de sommeil.

Quand je lui dessine dans le dos, quand il finit mon bol, quand on chante dans sa voiture, quand on parle de la démocratie et de la politique, quand on ment à sa mère au téléphone, quand je raconte n'importe quoi à ses potes sur msn, quand il enlève sa chemise, quand je lui enlève sa chemise, quand il me fait l'amour sur son bureau.




Des oiseaux que je voudrais mettre en cage.


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C'était "soixante minute pour convaincre les bourdons qu'ils ne savent pas voler" par Infra-rose, à 00:59 "ce soir c'est perfusion".
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Mardi 01 Décembre 2009
Un battement de cil







"-Pourquoi me disais-tu que je ne sais pas gagner d'argent?
- Parce que tu n'en gagnes pas.
- Il suffit de se mettre à un travail.
- Il ne suffit pas d'un travail. Il faut de la passion.
- Je n'ai pas l'intention de devenir millionnaire. Il me suffit de t'emmener danser."


Cesare Pavese
.







T'as plus qu'une batterie dans la poitrine qui fait cogner ton sang contre tes tempes ; il fait trop froid dehors, trop froid pour passer devant le clochard que tu vois deux fois par jour depuis un an et demi sans lui offrir un éclair au chocolat ; le ciel est coloré de nuages et quand le soleil effleure deux minutes ton visage tu restes les yeux fermés, la nuque brisée vers le ciel mais déjà il disparait et toi, et toi tu restes comme une conne les yeux vers le ciel.


Tu te portes à bout de bras, jusqu'à onze heures du soir, tu t'endors dans le bus à onze heures du matin, au milieu des vieux qui vont faire les courses, tu t'endors sur les quarante pages de philo, tu danses toute seule devant ton miroir en écoutant Pete Doherty ce petit con juste pour avoir moins froid, t'as mal au ventre mais tu prendras pas de doliprane, t'es contre, le vaccin aussi t'es contre, t'es pas polémique, t'es juste contre.


T'essaies de renouveler ta playlist sur deezer parce que t'en peux plus de Nine Crimes, alors t'écoutes n'importe quoi, la musique de la petite sirène, et puis tu voudrais voyager, en Turquie, regarder le soleil violet sur le Bosphore, te faire réveiller par le muezzin et marcher pieds nus dans la poussière.
Finalement tu vois,  
t'es comme les autres.
Tu veux partir.


Les voyages consument la jeunesse, elle part au bout du monde en faire le tour, elle part le sac au dos pour Shanghaï, elle fait du stop au Texas, elle perd son sac à Dublin, elle en rachète un à Johannesbourg, elle se le fait voler à Rio, elle rentre en tongues et tee shirt délavé à Roissy Charles de Gaulle alors qu'on est en février et qu'il neige.
A la maison elle se coupe les cheveux et c'est fini, tout le monde en tailleur costard cravate.


Toi, ton voyage c'est toujours le même, agglo centre ville, centre ville agglo, tu  sais même plus pourquoi mais tu continues, les autres le font alors tu suis, tu t'adaptes, tu finis par t'intéresser à la métadiégèse dans la poésie orientaliste de Nerval ou au traitement du mythe de Sisyphe chez Camus.


Le soir tu t'achètes des crèpes au nutella et tu les manges toute seule dans la rue, et tu penses à lui, dis pas non, tu penses à lui, autour du cou tu portes son collier comme on porte des chaînes, "je voudrais que tu m'appartiennes", et tu sens encore ses cils battre contre tes joues.



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(amélie poulain)


Dans neuf jours ce sera tes dix-neuf ans.
Tu voudrais arrêter de compter, arrêter le temps n'est-ce pas?

Ouais tu voudrais,
tu voudrais qu'on s'arrête, qu'on mette ce bordel qu'est le monde sur pause, ouais là, en pleine épidémie de grippe, en plein hiver, en pleine révision de concours blanc.
ça te va.



Maintenant tu vas publier tes épanchements, tu vas couper la musique, tu vas inspirer fort fermer les yeux et plonger dans la vie sans te retourner.


Ah, et puis, s'il te plait,
tu vas arrêter de parler de toi à la deuxième personne.

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(Oui alors non aujourd'hui je suis pas rigolote, mon costume de clown est au pressing les enfants.)















 
C'était "soixante minute pour convaincre les bourdons qu'ils ne savent pas voler" par Infra-rose et je suis sérieuse des fois même, à 20:18 "ce soir c'est perfusion".
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