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Infra-rose a un mot de passe que tu connaitras pas
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Infra-rose elle connait toute ta vie et celle de ta mère
--> Fais pas le clown, on va tous se quitter




A présent.



A présent je lis pendant trois heures sur la terrasse aux dalles dépareillées, en buvant des verres de lait mélangé à de la glace au nougat fondue. Je porte un dos nu noir et blanc un peu trop grand et mes vieilles lunettes de soleil ridicules qui datent du collège parce que j'ai perdu les autres.
A quelques mètres le centre aéré bat son plein et j'entends les cris des enfants derrière nos haies.
On est le vingt aout et j'ai toujours préféré écrire les dates en toutes lettres même quand j'ai mal à la tête et que j'écoute l'une des rares chansons de Brassens que j'apprécie.


Avec ma sœur on s'occupe bien de la maison. J'ouvre les volets le matin et elle les ferme le soir. Allez va pour.
Je cuisine des petites choses, du pain perdu pour son copain, et elle me prépare des salades avec des petits dés d'emmenthal.


Les soirées sont douces, la nuit tombe plus vite.

Alors au bout de la journée, quand on a fermé les volets, au bout des deux cents pages, quand je me glisse sous mon duvet, les souvenirs reviennent.


***

Juillet.


L'appro Bafa.


      J'attends un mec que je ne connais pas sur un parking, pour covoiturer jusqu'à la Drôme. Il arrive dans une voiture rouge écarlate. La musique à fond, avec deux potes à lui - ils sont tous les trois Noirs - endormis sur la banquette arrière, avec leur lunettes de soleil et leurs petites pochettes faussement griffées YSL en bandoulière.

Jonathan - puisque c'est son nom - prend la nationale pour ne pas payer l'autoroute. On échange quelque banalités et puis on se tait. ça me va très bien. Je regarde par la fenêtre, les champs, le soleil, je joue avec mon bracelet, et le rap dégueule de l'autoradio.


Deux jours plus tard je me demanderai en souriant si les potes de Jonathan l'ont déjà imaginé en train de chanter des comptines pour enfants.
Je le revois, un peu timide, à anôner comme les autres "la petite plante grasse grasse grasse mignonne comme tout".

 
J'ai l'impression d'y être encore, d'y être toujours.
Même si la chronologie a disparu depuis longtemps dans ma tête.

      Il y a des musiciens. Les garçons qui partagent notre salle de bain jouent des percu, de la guitare, du saxo, de la flûte et du xylophone.
Emeric me fait souffler dans son saxo, le premier jour. Et à force de cracher mes poumons je finis par produire un bruit de sirène de bateau. ça le fait rire.

Je suis pieds nus dans la terre et l'herbe. Tout le temps. j'ai l'impression que c'est l'essence même du stage.

Je porte un pantalon gris clair trop long qui deviendra brun à force de frotter contre la bâche du chapiteau.

Il y a.
Il y a la chanson pour la cuisinière, c'est pas de la menthe à l'eau, c'est du rock'n roll ; on mange des tartines de nutella et des pêches trop mures, il fait une chaleur écrasante qui nous empêche de dormir la nuit, quand le bruit des cigales envahit tout.

      Il y a Etienne et Camille, les deux formateurs. Camille porte des baggys, il est beau comme une image de magazine, d'un blond tirant sur le roux, à 25 ans il ressemble à un petit garçon pas sage, il joue de l'accordéon il fait beaucoup de blagues en souriant toujours et il parle trop fort. Etienne a le même âge mais il est beaucoup plus calme. Il sait jongler avec dix massues et faire tenir une chaise en équilibre juste au dessus de sa lèvre supérieure. Le premier midi je lui pose beaucoup de questions à table, sur sa vie et ses projets. Il est très calme et c'est lui qui nous apprend à jongler. Dès qu'il passe vers moi pour corriger mes erreurs je n'arrive plus à rien. Je ne sais pas pourquoi mais il me trouble, il a un ateba dans les cheveux et il donne de la valeur à chacune de ses phrases avec cette sagesse des gens qui ont beaucoup vécus.



Et puis nous tous, stagiaires et formateurs, on est des enfants pendant une semaine.
On gonfle des ballons de toutes les couleurs et on hurle les chansons de Disney sous le chapiteau, l'amour brille sous les étoiles et c'est l'histoire de la vie vois-tu, en prenant un gouter pour enfant, du quarte-quarts et de la grenadine.
On danse du Michaël Jackson à dix heures du matin, on se douche à la chaîne à minuit, on joue au tueur, on chante Hélène et les garçons. On apprend des danses traditionnelles Irlandaises, les garçons tapent dans leur mains et les filles tournent sur elles-mêmes.

On fait un pic nique Indien. On mange des cœurs de bisons (des tomates) et des patates d'Amérique (des chips) en s'appelant "petite plume volante" et en perdant la boule. Moi beaucoup aimer ton cœur de bison.
      C'est probablement à ce moment là que Samuel s'est révélé être un mec très charismatique et complètement fêlé.
C'était son animation et il était incontestablement le leader de son équipe. Il jouait le chef Indien - Tsatsouké- et on hurlait son nom dès qu'il levait son bâton. Il avait le corps peint avec du maquillage pour enfants, ses cheveux longs et bouclés en désordre. Il s'est déplacé à quatre pattes en sautillant tout le pic nique, et il a mangé des fourmis pour mieux faire l'Indien.
Je crois qu'on aurait tous rêvé d'un animateur comme ça quand on était petits.




Il y a tellement d'autres choses.


Un après midi on est des astronautes, le lendemain on croise la belle au bois dormant à 90 ans, narcoleptique, avec des charentaises, et son mari, Mooglie, avec une barbe en crépon blanc, et un pagne rouge.

      Un soir c'est au tout de notre équipe de présenter son animation.
On rejoue le conte des musiciens de Brême, devenus un peu reggae sur les bords.
Je suis le chat. Je suis toujours le chat quand il y a un chat, c'est pas ma faute.
J'ai des oreilles en carton et le bout du nez rose. Les filles veulent toutes que je reste avec elles. Je suis un chat qui parle et je demande à Etienne, cajoleur, s'il ne serait pas un oiseau.
J'adore l'impro.


J'ai autant dû marquer Samuel en chat, qu'il m'a marqué en Indien.
Six jours plus tard je recevrai un mail d'une phrase : "j'écris bien à l'adresse du petit chat ?"


Notre animation se déroule plutôt bien jusqu'à ce qu'une nana ait la mauvaise idée de se faire mal dans le combat de coq et que la formatrice -une petite ronde sûre d'elle- nous fasse brutalement revenir à des considérations bassement matérielles en beuglant " et la trousse à pharmacie hein? elle est où ? vous avez pas prévu de trousse à pharmacie ?!"


Une fois que c'est fini, bilan, tout le monde semble avoir apprécié la soirée Musiciens de Brême, et l'incident de la trousse à pharmacie est minimisé.
Tous les quatre on se repasse nos erreurs en riant dans la nuit qui tombe.
Je sors je ne sais quelle connerie et Daniel - qui faisait le vieux grand père, il a encore la veste à carreaux élimée sur le dos- me dit que je suis rigolote comme fille, exactement le genre de fille avec qui il s'entend bien.

Ok cool.

Daniel est très très grand, il est blond, avec des cheveux longs - une constante dans l'animation- retenus par un bandeau noir. Il est bilingue allemand et, pour avoir passé le plus clair de mes soirées dans la chambre de garçons qui est juxtaposée à la notre - je sais qu'il lit le Seigneur des Anneaux avant de dormir.


Les après midi les musiciens se regroupent dans une petite salle, et nous, les autres, on se rend sous le chapiteau d'Andy. Andy a la quarantaine, le front un peu dégarni, les yeux un peu trop rapprochés mais une bonne bouille. Le chapiteau lui appartient, il est intervenant du spectacle. Il nous apprend des numéros de clown tradi -la fausse claque, beaucoup plus compliquée à coordonner qu'il n'y parait- et des numéros de "clown moderne". C'est beaucoup d'expression faciale, avec ce nez rouge qui t'empêche de respirer normalement, c'est presque du théâtre.

Il y a le numéro du clown triste. Emeric fait le clown triste. Andy lance une musique où une voix fluette répète "hello can you hear me ? "
Emeric est assis tout seul sur une chaise. Il est triste. Il regarde une fleur en papier qu'il tient et ça le rend encore plus triste car il n'a personne à qui l'offrir.
Et nous, les autres clowns, on arrive dans son dos, tout heureux, avec chacun une fleur à lui offrir. Mais quand on le voit si triste on n'ose pas le déranger. Alors, tristes à notre tour on laisse tomber nos fleurs et on s'en va. Emeric ne s'est aperçu de rien. Il se croit toujours aussi seul au monde. Il se lève, et sans voir nos fleurs qui jonchent le sol, il laisse tomber la sienne.

Fin du numéro. On a tous des têtes bizarres, surtout Emeric qui a l'air profondément bouleversé, et Andy nous rappelle qu'il nous avait prévenu.

On fait d'autres choses encore. Des ateliers de pyramides humaines, ça fout la frousse d'avoir les deux mains appuyées sur le dos d'un mec à quatre pattes. J'ai les deux jambes sur les épaules d'une fille dans mon dos, et tellement peur de me casser la gueule que je dois briser la colonne vertébrale du gars. Mais je souris quand même.


Des ateliers deux par deux où on fait semblant de se mettre des coups au ralenti. Et de la jongle encore. Avec Etienne.
Du clown encore, avec Andy. Jonathan est un clown incroyable.


 
Je mélange tout.
       Je me souviens de l'orage qui a éclaté. On prenait le gouter sous le chapiteau, c'était à ce moment là que les chansons de disney étaient reprises en hurlant. On sort sous la pluie en hurlant. Les gouttes énormes font presque mal, et je cours n'importe comment avec des tongues qui dérapent dans la boue. En un instant mes cheveux sont trempés et mon tee shirt blanc transparent.
On se sèche dans les chambres et puis on a le choix de faire un peu ce qu'on veut.

      Avec Elise on choisit de se maquiller. La femme d'Andy a apporté la malle à maquillage qu'il utilise pour son cirque. Il y a des pinceaux, des éponges, des modèles, des paillettes.
Elise ressemble à un personnage de film. Elle a l'air de planer en permanence. Elle porte des débardeurs imprimés liberty qui dévoilent toute sa petite poitrine. Autour de son poignet elle a un bracelet en ébène et un pass' pour un festival de musique en camping.

Elle me maquille très bien, elle s'y connait. Elle me dessine un masque qu'elle colore en noir, avec les contours ourlés de paillettes, et des petits losanges de couleurs sur les joues. C'est magnifique, je le garderai toute la soirée.
Je lui fais le maquillage de Batgirl, une grande chauve souris qui s'étale sur son petit visage. Et des lèvres argentées. Ce n'est pas très très réussi mais elle est contente.


Elise. Affalées sur un lit de garçon on gribouille toutes les deux des chats obèses avec les stylos d'école de Jonathan.
C'est avec elle que je mangerai mes petits pois un par un avec les doigts, le dernier jour. "Viens on prend tous les petits pois et on laisse aux autres les mauvaises carottes".


      Le soir après le maquillage c'est la panique générale.
Les formateurs nous disent, que bon, c'est pas tout, mais on va faire un peu de pratique d'accord. Et on se retrouve avec un spectacle à monter de toute pièce pour le lendemain soir. Un vrai spectacle sous le chapiteau, à présenter à de vrais enfants - des gamins d'un centre de vacances qui acceptent de faire le déplacement en car pour venir nous voir.

Ahaha.

Et puis là dessus les formateurs nous laissent gérer. Donc forcément personne ne gère, et des filles stupides se mettent à chialer à cause du stress et de la fatigue.

Il faut s'inscrire sur des listes - des feuilles de paperboard scotchées aux vitres- pour décider de qui fait quel numéro avec qui, et j'ai du mal à saisir la logique. Je finis par comprendre qu'on doit tous passer sur scène dans sa "spécialité" (à savoir, musique ou cirque) et que, pour les volontaires motivés, on peut rajouter des numéros mêlant musicos et circos.

Je suis plantées dans le couloir à regarder les fiches ; Marie, une fille qui partage ma chambre et que je n'ai pas pu encadrer dès le premier jour, chiale sur un bureau, entourée de gens qui racontent n'importe quoi.

Et puis là y a Samuel qui surgit d'on ne sait où , et qui me dit qu'il a très envie qu'on se fasse un trip ensemble, un numéro supplémentaire, puisqu'il est musicien et que je suis en appro cirque.

Je n'hésite qu'une petite seconde. Il a déjà convaincu Augustin, un futur prêtre de 26 ans, bien moins complexé que la plupart d'entre nous, n'hésitant pas à se déguiser en boule à facette disco à l'occasion.
Il a aussi convaincu Emeric et Vincent - Vincent mérite un paragraphe à lui tout seul, j'y reviendrai plus tard.

Alors oui, bien sûr, j'accepte.

Il y a cette fille bizarre, qui me donne toujours l'impression de flirter avec le paranormal, elle a des airs éthérés et des regards étranges, Audrey qu'elle s'appelle, qui veut se joindre à nous.
Alors Samuel, dans le bordel général qui règne, lui dit que non, on est déjà au complet.

Et Audrey se met à pleurer à son tour et se tire en courant.

J'ai l'impression que tous les gens perdent la tête.
Samuel lui court après pour aller s'excuser.

Augustin a alors l'idée géniale d'aller ailleurs que dans la salle ou le couloir où tout le monde continue gentiment à hurler, pleurer, rigoler et péter les plombs.

Dans la salle d'à coté, étrangement déserte, on trouve enfin le calme.
Il est dix heures du soir, il faut inventer un numéro.

      D'après l'histoire, inventée en dix minutes montre en main, par la formatrice et trois stagiaires, notre numéro s'appelle "le pays où il pleut tout le temps".
On ne s'étonne plus de rien et on choisit de partir sur une petite scène comique.

Vincent fait monsieur météo. Il est le chef d'orchestre du temps, et va demander au public d'imiter le bruit de la pluie en claquant des doigts.

Je gribouille sur le tableau à craie le déroulement de notre numéro.
Il fait nuit dehors, j'ai toujours mon masque noir au maquillage, mon pantalon gris clair brun, et une robe par dessus.


      Samuel revient, désolé. Visiblement il a eu beau demander pardon à Audrey il reste gêné. Je le prends à part et lui demande comment elle a réagi. Visiblement très mal, et de façon exagérée. Alors je lui dit qu'il a fait ce qu'il pouvait, qu'il a présenté ses excuses et que si elle ne veut pas les accepter, il ne peut plus rien faire pour elle.




Maintenant il faut que je termine, j'ai trop de lignes en réserve mais je ne peux pas tout écouler. Pas comme ça. Pas parce que le temps manque et que je suis droguée.






On monte un numéro donc. Tous les cinq. Les quatre garçons et moi, dans la petite salle, avec la nuit derrière les fenêtres.
Tout est calme à présent, les autres sont ailleurs, ils sont peut être déjà couchés.

Etienne passe la tête par la porte. Il sourit de nous voir tellement concentrés sur ce que l'on fait. Il éteint la lumière pour plaisanter, "pas de bêtises dans le noir les garçons hein..."


On répète notre impro. C'est du grand n'importe quoi.
Avec Augustin on fait semblant de nager le crawl couchés par terre.
On monte ensuite sur un bateau imaginaire, symbolisé par Emeric -qui fait le mat du navire, debout les bras le long du corps - et Samuel qui fait le moteur - recroquevillé par terre.

On rigole tellement c'est ridicule. Mais on continue.
Augustin fait semblant de démarrer le moteur -Samuel imite le bruit à la perfection- et Emeric fait le ronflement du bateau au saxo.
Moi je fais la sirène du navire, penchée en avant les bras écartés. Augustin me retient par la taille.
Et là, Samuel propose que le saxo joue le début de Titanic. Emeric lance les premières notes et on rigole encore et encore.

La suite du numéro c'est toujours du grand n'importe quoi. Vincent fait le vieux loup de mer qui radote. Augustin, Emeric et moi on se bat au ralenti -comme appris en cirque- pour une île où il n'y a pas la place de tenir à trois.
Samuel, toujours par terre, fait peu à peu évoluer le bruit du moteur vers du beatbox.

A la fin, lui et Vincent jonglent avec six massues, prétendant que ce sont des poissons qu'il faut débarquer au port.


Vincent filme l'ensemble du numéro avec son portable, on rit en se regardant, et puis il est très tard.



     Dans la salle de bain je frotte mon visage pour faire partir le masque dessiné par Elise. En essayant de faire le moins de bruit possible car les filles de ma chambre dorment. Et j'ai le visage couvert de maquillage noir qui coule. Dans le miroir j'ai du mal à me reconnaitre, et je m'imagine black.



Le lendemain il y a le spectacle donc. Les enfants assis par terre, l'attente derrière la bâche, il pleut un peu, on a nos nez rouges, on stresse stupidement, on raconte tous n'importe quoi en se serrant les mains.

Je fais un numéro de clown avec des gens, qui se passe plutôt bien, les enfants rigolent. Et puis de nouveau derrière la bâche. Il y a un bordel fou dans l'herbe et je change de costume. Les garçons sont tous à moitié à poil, un peu comme toute la semaine, ça ne perturbe plus personne.

Je fouille dans la malle à maquillage. Avec un pinceau et du maquillage bleu je dessine des ancres de navire. Sur ma joue, sur mon décolleté, sur les joues d'Emeric. Samuel me demande de le maquiller en moteur, on rigole trop fort, chut il ne faut pas faire de bruit, d'autres sont sur scène. Alors je trempe les doigts dans du maquillage noir et je fais des traces et des tâches de cambouis sur son visage.


Vincent est horriblement stressé, c'est presque comique à voir. J'arrête pas de l'encourager, de lui dire ça va être cool, Augustin est très optimiste, il nous conseille juste de nous éclater. Et puis voilà, c'est à nous, de nouveau la scène, les spots, et on s'amuse.
 Le début de Titanic a fait beaucoup rire le public.



Et c'est fini.
Les enfants repartent, on range en musique, et c'est fini, bordel.




A vrai dire, la soirée ne fait que commencer.
Il doit être 20h30.
Andy est complètement pété, il vide ses coffres, déballe tout son matos de cirque, nous autorise à tout essayer.
Alors on essaie tout.
On jongle, on essaie de grimper à la corde et au ruban. Je fais du trapèze. J'ai jamais fait de trapèze aussi haut, ça fait un peu peur quand il faut redescendre.
Mais je n'ai peur de rien et tout le monde est complètement euphorique.

Vincent s'agrippe à un pilier du chapiteau et, à la force de ses bras, il se hisse à l'horizontale, tout son corps à l'horizontal et ses deux mains qui supportent tout son poids, j'ai du mal à croire que c'est possible, et pourtant si, c'est possible puisqu'il le fait là devant moi.
Il m'explique qu'il est en appro musique mais qu'il a fait beaucoup de cirque quand il était petit.


Et il m'apprend à faire du monocycle.
C'était probablement cette ambiance grisante, de fin de stage, cette ambiance de folie, le spectacle fini et réussi, la musique, il y avait quelque chose d'incroyable ce soir là.
Je me rends compte qu'il est très difficile de simplement grimper sur le monocyle. Je me tiens à un pilier, et j'arrive à peu près à tenir assise sans me casser la gueule.

C'est pas tout, il faut pédaler maintenant.
"Allez, vas-y tiens toi à moi, penche toi en avant et pédale". Je m'agrippe à ses deux bras, et puis je tombe.
On réessaie. Un grand nombre de fois, j'ai pas peur de tomber, je veux réussir.
Il m'explique. Pourquoi il faut s'incliner en avant -vraiment beaucoup même si t'as l'impression de tomber-.
Et puis il me dit qu'il va me tenir les mains cette fois.
"Vas-y, n'aies pas peur"
Alors on se remet une énième fois au niveau du pilier, je lui dit que je vais lui faire mal, lui rouler sur les pieds ou me casse la gueule sur lui, il dit c'est pas grave, vas-y. Alors d'accord, je lâche le pilier, il me tient les mains et recule au fur et à mesure que j'avance, parce que ça marche, j'avance, plusieurs mètres, je serre ses mains de toute mes forces et je regarde droit devant.
Et puis je tombe, de nouveau.

Mais quelle importance ?



Plus tard un deuxième spectacle commence.
Etienne jongle pour nous. On est assis par terre, la bouche grande ouverte d'admiration, exactement comme étaient les gosses quelques heures plus tôt.
Etienne jongle dans l'obscurité, éclairé par de la lumière noire qui rend son tee shirt blanc éblouissant. Des balles, des massues, et puis il fait du contact, cette technique de jongle nouvelle qui donne l'illusion que la balle lévite en l'air.
Je voudrais que ça dure toujours. Et on applaudit à tout rompre, et on siffle et on crie.


Et puis Andy crache du feu et nous fait des tours de magie, ça sent l'essence et la nuit provençale.

Je me souviens qu'au début du stage il nous en avait fait quelques uns, avec des cartes. Vincent avait trouvé tous les trucs, Andy nous les avaient réexpliqués (parce que nous, on a le cerveau qui tourne moins vite que celui de Vincent...)
Et puis, parce que Vincent devenait intenable, Andy l'avait coulé, avec un numéro en apparence tout simple mais incroyablement impressionnant. Et là, Vincent n'avait pas trouvé le truc, ni nous non plus, bien sûr.


Le soir du spectacle Andy fait des numéros avec des anneaux en métal, un livre, des lunettes. Il fait intervenir le public. Elise est invitée plusieurs fois à participer aux numéros, et ça la rend folle, elle cherche désespérément comment il fait, mais il n'y a rien à faire, c'est magique.

Ensuite la plupart des gens quittent le chapiteau.

On est un petit groupe à rester. Augustin met de la musique.
On danse, la valse, Michael Jackson, n'importe quoi, je fais des grands sauts dans la poussière.
J'apprends que Samuel est danseur, il va en faire son métier.
holly fuck.

Plus tard on balaie le sol.

Plus tard encore Samuel nous propose des exercices de relaxation et des étirements. On se retrouve tous sur le sol à faire ce qu'il nous dit. Il parle à voix basse et nous conseille de fermer les yeux. ça me rappelle la danse -forcément- et c'est bien. On évacue l'accumulation d'émotions.
Il corrige doucement nos positions, déplaçant un peu un bras ou une jambe. Quand il arrive à moi il me demande de respirer fort, et il appuie ses mains sur mes épaules pour les plaquer au sol.
A la fin on fait des exercices de respiration - Vincent a un fou rire - il faut inspirer puis expirer sur huit temps.

Ensuite je ne sais plus.



Si, ensuite je suis dans la chambre.
J'essaie de convaincre Marie de continuer la soirée. Mais elle a envie de se coucher ; Maud est déjà au lit, elle râle parce qu'on fait du bruit.
Alors je vais chercher de la compagnie dans la chambre des garçons et on se casse, avec Angel et Jonathan, en les laissant dans le noir.

On retourne sous le chapiteau.
Augustin explique pourquoi il croit en Dieu à un petit nombre de personnes. J'écoute vaguement son témoignage. A deux pas il y a Vincent qui fait du diabolo comme je n'ai jamais osé rêver en faire.


Angel n'est pas très convaincu par les propos d'Augustin, alors on repart. Dans le parc plongé dans la nuit j'essaie de faire le hibou et il se fout de ma gueule. Angel a un très fort caractère, un peu incompatible avec moi, je ne sais pas trop pourquoi. Le premier jour on s'est tout de suite très bien entendus, mais ensuite on n'a pas cessé de se charrier - gentiment.


La soirée continue plus tard, dans la chambre des garçons.
On essaie de parler à voix basse parce que Maud et Marie dorment à coté - ou plutôt qu'elles essaient de dormir, tout en tapant régulièrement contre le mur pour nous dire de la fermer.
Elise est avec nous.
Daniel est étrangement triste, allongé sur son lit, il commence à dormir.




Et moi je fais n'importe quoi.

     Je me demande comment ça se fait. Où et quand ça dérape.
Comment je me retrouve à faire des choses aussi improbables, comme considérer Vincent comme une poupée humaine.
On est assis tous les deux sur le lit de Jonathan.
Sans lui demander son avis.
Et sans lui demander son avis je plonge les doigts dans le pot de gel que j'ai vu chaque jour dans la salle de bain, sur le rebord du lavabo. Ce pot de gel qui me fascinait parce qu'il y avait la tête de Sid Vicious sur le couvercle.
J'ai les doigts pleins de gel, et je les passe dans les cheveux de Vincent. Il a déjà du gel sur la tête, sa coiffure habituelle en pétard, savamment étudiée.
Mais moi je veux lui faire une crête.
Moi je veux moi je veux, j'ai l'impression que je n'avais que cette expression à la bouche.
Alors je mets du gel, je tire sur les mèches noires, il incline la tête, je mets encore du gel, Jonathan me demande de ne pas vider le pot, et tout le monde est horrifié parce que Vincent a les cheveux complètement englués, mais moi je suis enthousiaste et je continue, puisque la crête ne donne rien, je tente à présent de lui plaquer les cheveux en arrière, et lui il ne dit rien, ou plutôt il dit "vas-y fais moi ce que tu veux".

     Ce n'est pas la première fois.
Un soir précédent, peut-être le jeudi, j'étais déjà en train de lorgner sur le pot de gel.
On était dans la salle de bain et j'expliquais à Vincent que j'adorerai me faire un coiffure toute en piques, tu vois ce serait marrant avec mes cheveux courts... Et lui il me montrait comment on fait, avec du gel imaginaire - on ne s'était pas encore permis de vider celui de Jonathan - en passant ses doigts dans ses cheveux.

Je ne sais plus quand c'était, mais tout cela me paraissait très normal, jusqu'à ce que Angel fasse coulisser la porte de la salle de bain et se mette à lancer pleins de gros sous-entendus, et que je me rende soudainement compte que Vincent et moi on était là dans cette petite pièce fermée sans fenêtre enclavée entre nos deux chambres, avec une porte pour les filles et une porte pour les garçons, dans cette petite pièce donc, moi avec ma nuisette en coton, et lui en boxer.

Mais ça, c'était un autre soir.


Le soir du spectacle, je me souviens parfaitement qu'on était sur un lit. Elise a fini par se joindre à moi et à son tour elle a joué à la coiffeuse avec les cheveux de Vincent.
Là dessus Maud est arrivée en chemise de nuit longue, sans lunettes et les cheveux défaits, et elle nous a dit désolée de casser votre trip mais y en a qui veulent dormir.

Alors ok ok, Daniel dormait à moitié tout habillé la tête sur le Seigneur des anneaux.

On se lève tous un peu lentement et hagards et une nuit de plus je rentre sur la pointe des pieds dans ma véritable chambre, à la lumière de mon portable.
Mais il est hors de question d'aller se coucher. Pas comme ça, pas le dernier soir.
Je cherche juste un sweat à tâtons dans mon sac, en essayant de faire coulisser la fermeture éclaire avec le moins de bruit possible.
Et puis je sors sans bruit et je reste là, dans le couloir, à attendre Vincent.

C'est lui qui m'en a parlé, qui a eu l'idée : en discutant avec Augustin il a découvert que le futur prêtre prie tous les soirs dans une chambre inoccupée au bout du couloir.
Et pour des raisons qui m'échappent encore on a décidé de se joindre à lui cette nuit, pour prier.

Alors on va s'assoir tous les deux par terre devant la porte de la chambre d'Augustin - il a dû descendre à la ville, il faut attendre qu'il rentre.
Vincent a un missel entre les mains, appartenant à Augustin. Il m'explique qu'avant de mourir, son grand père lui a demandé d'aller à la messe tous les jours. Il n'y a pas mis les pieds depuis l'enterrement, mais il se pose beaucoup de questions.
On discute à voix basse - il a une voix particulière, qui glisse parfois trop vite sur certains mots - et on pose des questions à la Bible en posant le doigt au hasard sur une ligne du bouquin.

A deux heures du matin Augustin arrive, essoufflé.
" Et alors, qu'est-ce que vous faites là tous les deux ?"
ça le fait rire de nous trouver comme deux clochards perdus devant sa porte.

Dans la chambre inoccupée il fait très froid. On s'installe sur un matelas, Augustin sort une petite icône russe en bois. On frappe à la porte, c'est ce type étrange mais très gentil : "salut, j'étais allé courir mais je n'arrive pas à dormir, je peux rester avec vous ?"
Il a les cheveux trempés.
Alors oui, bien sûr, entre. 
Quand on lui explique qu'on va prier il demande à Augustin s'il peut se contenter d'être spectateur, dans un coin de la pièce.

Augustin nous parle un peu de ses moments de prière. Il nous apprend une toute petite chanson d'une phrase, avec une mélodie envoutante.
Puis il ouvre la Bible et demande à Vincent de lire un passage pendant que lui-même et moi continuons à répéter les quelques notes. On ferme les yeux, et je me sens étrangement en paix avec le monde, à chanter doucement pour ne pas couvrir la voix de Vincent qui s'applique à ne pas buter sur les mots.
J'ai du mal à me souvenir du passage qu'il a lu, je me souviens juste de la chanson et de nos trois voix qui se mêlaient.
En revanche je me rappelle très bien du psaume qu'Augustin m'a fait lire juste après.
Cette fois les deux autres ne chantaient plus et se contentaient d'écouter les vers que je lisais. C'était incroyablement beau comme texte, et j'ai eu un vague souvenir, comme un éclair, de ma prof de français questionnant la littérarité des textes sacrés.


Après les lectures Augustin a prié, en remerciant pour la journée. Il a prié pour nous deux et pour le garçon qui n'arrivait pas à dormir et qui devait se dire qu'on était quand même bien félés, et c'était très émouvant, j'avais l'impression d'être à un moment charnière de mon existence.

Cette nuit là j'ai posé beaucoup de questions à Augustin, qui était apparemment enchanté qu'on soit là avec lui, avec nos questions nos doutes et notre curiosité. Vincent se contentait d'écouter, clignant un peu des yeux, les genoux ramenés contre lui.


A la fin, Augustin a arraché les pages des textes que l'on avait lu - il a donné le passage des évangiles à Vincent, et m'a donné mon psaume.
Et il a donné à Vincent le missel, de façon définitive.


A trois heure du matin on a quitté la pièce en souhaitant bonne nuit aux deux autres. On a remonté le couloir tous les deux en silence. Et puis devant nos portes respectives on s'est souhaité bonne nuit, et il m'a avoué qu'il avait beau avoir un litre de gel dans les cheveux il n'avait pas le courage de prendre une douche.



Le lendemain on fait les bagages, un bilan de la semaine, et les garçons jouent de la musique. Emeric au saxo, Vincent à la guitare, Samuel aux percu, et Camille arrive en hurlant avec son accordéon.

Et déjà c'est l'heure des aux revoir.
Maud me propose de me ramener en voiture, ses parents viennent la chercher.
Alors on dit adieu -en fin non, il y a l'illusion groupale du "on ne se quittera jamais et on s'écrira toute notre vie", tout le monde échange ses adresses et numéros et promet de se donner des nouvelles.


     Et c'est le moment où je dois rendre à Angel son bracelet de force.
Ce bracelet en cuir noir, quatre fois trois large pour mon poignet, avec sa sangle en acier, ce bracelet noir que je regardais le premier jour en me disant ce serait trop cool qu'il me le prête.

De sa propre initiative il me l'a cédé le deuxième jour, sans que j'ai rien demandé. J'étais très contente et je l'ai porté toute la semaine.
Mais maintenant il faut s'en séparer et comme le reste ça me rend un peu triste.
On dit au revoir et puis Vincent cherche quelqu'un pour l'emmener à la gare, et Maud lui dit que ses parents peuvent le déposer.
Son train est bientôt, on part précipitamment, Daniel me sert dans ses bras du haut de son mètre quatre vingt dix, et je n'ai même pas le temps de dire au revoir à Etienne et à Elise, et on est partis, on court tous les trois jusqu'à la voiture, avec nos sacs et nos duvets qui battent contre nos hanches.


Sur le parking je dis au revoir à Samuel. Je lui demande où il habite, et il répond, le regard très triste derrière ses lunettes, "loin".


Sur la banquette arrière on s'installe tous les trois, Maud au milieu de nous deux, j'échange des banalités avec ses parents bon public, et Vincent a son étui à guitare entre les jambes.
On cherche la gare, on se perd un peu, et puis voilà on y est, on s'arrête le long du trottoir, il descend de la voiture, récupère son sac dans le coffre, il dit au revoir à Maud, merci aux parents, et moi je suis coincée sur la banquette arrière, du coté conducteur, du coté de la route, alors il m'envoie un baiser du bout des doigts et je fais de même, et la voiture redémarre.


Sur la route je mets les pieds sur les sièges, et on mange des pim's à l'orange que je n'aime pas, et des quartiers de fruits qui ont noirci, et on raconte le stage aux parents, et je m'en fous un peu.


Je repense aux moments qu'on a passé avec Vincent, c'était tellement particulier. Inattendu de rencontrer quelqu'un comme lui.

Dès le deuxième jour j'ai piqué le bracelet de force de Angel, et Vincent, lui, m'a volé mon chapeau blanc. Il l'a porté toute la semaine, je lui reprenais seulement à quelques moments. Un jour il portait un chapeau marron en feutre, trouvé dans la malle à déguisements, et c'est alors moi qui le lui ai pris.
On était les deux seuls à porter des chapeaux, comme des fous furieux, jour et nuit, dedans et dehors, de travers, on les a tous échangés.

On a échangé tellement plus d'ailleurs. Il y a le soir où on était tous les deux dans ma chambre, assis sur le lit de Maud pour des raisons qui m'échappent aujourd'hui.
Je portais ma nuisette de coton -et mon chapeau blanc- et on discutait du bouquin de C.Simon que j'étais en train de lire, à la lumière douce des lampes de chevet.
Et, je ne sais plus pourquoi là encore, je me retrouvais à lui dessiner sur les biceps au bic noir, il ne bougeait pas d'un pouce et respirait doucement.


Il y a le matin où on était tous les deux dans sa chambre, sur son lit, et il m'a joué de la guitare. Il jouait très bien, et chantait avec une voix un peu à la BB Brunes, surprenante, mais j'aimais bien. Et je chantais avec lui, et il y avait le soleil derrière les fenêtres, et "un jour j'irai à New York avec toi...".
 On a chanté une chanson de Goldman aussi, et déjà on était en retard, alors je lui ai fait promettre qu'il m'en jouerait encore.


C'est aussi lui qui m'a appris le truc des gobelets en plastique, que tu tapes contre une table et dans tes mains pour créer un rythme. On y a passé un temps fou, il décomposait chaque étape pour m'apprendre, et puis on répétait et on répétait encore, et de plus en plus vite, jusqu'à ce que j'arrive à suivre et qu'on produise tous les deux le même rythme endiablé. ça ne servait à rien et les autres nous regardaient bizarrement, mais aujourd'hui encore, j'ai envie de faire le rythme avec tous les verres qui me passent sous la main.


Je me souviens aussi la nuit où on arrivait pas à arrêter de discuter. Maud et Marie voulaient dormir, alors on avait éteint la lumière et on discutait tous les deux à voix basse. J'étais allongée à plat ventre sur mon lit et lui il était assis sur une chaise juste à coté.
A vrai dire, je parlais à voix basse, mais Vincent faisait -fait- partie de ce petit pourcentage de personne qui ne savent pas chuchoter, si bien que Maud n'arrêtait pas de se plaindre, en lançant toutes les dix minutes un "Vinceeeent..." chargé de reproches.

Mais il s'en foutait, c'est à peine s'il l'entendait -moi j'étais gênée pour Maud- il continuait à me parler. Il m'expliquait sa théorie sur la mort et les rêves, et c'était très intéressant, et je suppose qu'on aurait pu rester très longtemps comme ça, dans le noir à se raconter ces choses qui ne se racontent que la nuit, quand on a l'impression d'attraper les étoiles au vol.


Je pensais à tout cela dans la voiture des parents de Maud, tout en arrivant parfaitement à rigoler aux bons moments avec les autres, et puis on est arrivés chez moi, et j'ai bu du lait sur la terrasse et je me suis dit que je ne reverrai jamais toutes ces personnes, et que bordel, c'était quand même bien dommage.





***

A présent il reste les mails et les textos qu'on échange avec Samuel, il a participé à un festival de musique brésilienne en jouant trois soirs d'affilée avec son groupe, il reste cette connerie de réseau social de facebook qui te donne l'impression que c'est formidable, quand tu retrouves le nom d'une personne. Mais en réalité c'est d'une bêtise absolue, car une fois la personne "ajoutée en ami(e)" il n'y a plus grand chose à faire que de se contenter de cette vague promesse d'amitié virtuelle.


Je viens de tout relire, ça m'a donné un peu le vertige et mal au coeur de bison, c'est un article trop long et très mal écrit, c'est un article qui sert uniquement à se souvenir, pour la mémoire, la postérité - mais quand commence la postérité ? - et caetera.


J'arrive encore à glisser des locutions latines dans mes phrases, peut-être que tout n'est pas perdu, peut-être aussi qu'on ne perd jamais définitivement ses amis, qu'on se contente juste de les estomper un peu dans l'aquarelle avec l'eau salée de nos larmes.



Et comme c'est un peu triste de finir un si long texte sur le mot larmes - parce qu'après tout il ne faut pas retenir la tristesse mais uniquement la joie - je rajoute cette phrase qui ne sert à rien, rien qu'à finir, qu'à finir sur un mot, qu'à finir sur le mot un peu plus heureux.







J'ai le coeur qui bat à 76 pulsations par minute et je m'appelle Infra-rose, à 16:10 parce qu"Actualités".

Déclarations d'amour des poules sur un mur qui picotent du pain dur

  Celsius42
Celsius42
24-08-10
à 00:56

malgré la longueur...

... Je crois bien que j'ai relu l'entièreté de cet article au moins trois fois. Si ce n'est plus. Il y a tant de moi dans ce petit bout de toi, c'est effarant. Au fur et à mesure que ton temps se déroule et se caracole sans queue ni tête, je me rappelle Amanda, Seifried, Marc, Charlotte, René, Renée...

Et Christophe, qui nous disait "les gamins, je vous adore et vous pouvez m'aimer autant que vous le voulez mais d'ici un an, vous aurez tous oublié mon visage, et moi le vôtre. Peut être même les prénoms. C'est comme ça, c'est la formation BAFA." :(
Christophe, je n'ai pas oublié ton prénom. Ni ton crâne rasé à moitié chauve, ton visage sévère et rond, tes yeux cruels qui cachaient un coeur de pigeon (tomate) d'or.

Or c'est toujours sympa de commencer et/ou finir une phrase par or.

  Infra-rose
Infra-rose
24-08-10
à 14:34

Re: malgré la longueur...

Et moi je crois qu'on va très très très bien s'entendre.

Pour le BAFA, pour les souvenirs qui devraient s'effacer mais qui restent malgré nous et nos cœurs d'animaux qui battent trop vite, pour Christophe, pour Etienne, pour Amanda, pour Elise, pour René, pour Vincent, pour Marc, pour Samuel, pour Seifried, pour Daniel, pour Renée, pour Angel...
Et puis pour l'or. Il n'y a que ça qui sonne juste dans l'écriture.

Je ne sais pas trop ce que tu fais actuellement mais je te souhaite de bien le faire, ni trop à quoi tu penses mais j'espère que tout va bien et que tu as du soleil dans le sourire.





  LiliLou
LiliLou
24-08-10
à 16:04

Je l'ai relu en plusieurs fois, au boulot (et en cachette). Mais j'ai attendu un temps du midi pour venir t'embêter. Oui je sais j'suis pas très fast and furious pour le coup. J'avoue, j'aime bien être la prem's sur tes articles (que d'abord j'lai vu en premièreuuuh !!)

J'ai voulu faire ça aussi pour mon voyage, et je n'ai pas pu. J'ai trop de mal à laisser aller les mots sans les travailler et les tarabiscoter. Pour le coup je manque de simplicité (et certainement de sincérité). J'ai déjà l'impression d'oublier des tas de choses, de sensations, d'instants et ça me frustre et m'effraie un peu.

J'aime beaucoup la chanson de java par ailleurs, ça m'a fait tilt et sourire. Elle est cooool cette cuisinière.
Et je me demande à quoi tu es droguée, à l'effusion de la vie?
Il ne faut pas t'excuser pour les mots qui se sont laissés prendre à leur propre jeux, pour ton brouhaha vivant de phrases et de souvenirs. J'aime beaucoup, toujours.

Bon, bon, il faut conclure (j'aime pas conclure, c'est toujours la fin d'un truc)
Des bisous !

  Celsius42
Celsius42
24-08-10
à 19:43

Re: malgré la longueur...

Ce que je fais en ce moment ? Je me prépare à doucher un animal revêche.
Ce à quoi je pense en ce moment ? au dosage idéal entre shampoo et chloroforme.

Sinon, je dépose tes espoir sur un papiers, y ajoute un petit lu approuvé, signe et contresigne, avant de les mettre en bouteilles et de les lancer à la mer. Puisse tu recevoir toi aussi le soleil qui baigne l'adriatique, dans le sourire ou dans le coeur.

Je me relis et je me dis que ça sonne niais. Tant pis.

  Lucie
25-08-10
à 23:56

Coucou poulette !

Ces moments forts que tu racontes, j'ai pu en vivre aussi, et je n'ai jamais revu les gens avec qui je les ai vécu. Est-ce triste ? oui, mais... Je veux dire que ces personnes font partie intégrante de ces moments très forts, mais n'iront pas au-delà, et si cela était le cas, peut-être que les souvenirs qu'on en a n'auraient pas la même saveur...

Tu t'attaches à ces personnes car tu t'attache aussi à ce que tu as expérimenté à ce moment-là. Je ne sais pas trop si tu saisis...
Il y a aussi des personnes exceptionnelles, qui font que les moments passés avec eux le sont également.
Il y a des personnes "normales" (j'aime pas ce mot) qui deviennent exceptionnelles car tu vis des moments exceptionnels avec elles.

Mais chacune ses histoires.
"Moment Charnière", c'est dingue comme ces mots sont chargés de sens. J'aime l'idée que nos rencontres nous font avancer, nous découvrir nous-même un peu plus...

Bisous from Toronto !



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